
Le combiné Lurem C260N existe en multiple versions, et la mienne avait un moteur triphasé 1,5 kW, un peu faible en puissance. Voici les différentes étapes du changement de moteur au profit d'un 2,2 kW.
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La problématique du moteur et de sa fixation
Sur ce modèle le moteur est maintenu sur le châssis de la machine via la boîte à bornes (en fonte d'alu), sur laquelle est également fixé le commutateur.
C'est une conception assez originale, pas du tout standard, et pour trouver un moteur avec la même boîte à bornes, c'est juste impossible.
Or, il existe tout de même un autre type de support compatible (en fonte d'alu également), qui vient se fixer sur un moteur plus standard.
C'est donc parti pour un échange standard.
La dépose du moteur
Tout d'abord, il faut déposer le carénage de la scie. Il faut la mettre à mi-hauteur, enlever la lame et basculer l'ensemble à 45° pour accéder aux deux vis. Voir ici pour les détails.
Les deux moteurs se ressemblent, le 2200W est un peu plus long, le système d'accrochage a l'air identique, c'est bon signe !
Pour le déposer, on voit sur la photo précédente que le petit arbre a une gorge, et il y a une vis 6 pans qui vient le maintenir en place => enlever la vis.
Alors je ne vais pas le dire à chaque fois, mais dès qu'il y a un truc qui doit glisser quelque part, tourner ou bouger d'une quelconque manière => WD40 de tous les côtés 5 min avant la manœuvre.
Autre chose qui est valable à peu près tout le temps : on tape sur le métal avec un maillet en caoutchouc, ou avec un marteau via une cale en bois. Et si ça ne bouge plus, on arrête et on réfléchit, on trouve une solution mais on ne tape pas comme un bourrin !
Comme le moteur pèse son poids, on peut mettre un chevron dessous pour ne pas qu'il tombe quand la tige sera libérée.
Et ensuite, avec force finesse, poignet ferme mais souple, marteau sur tourillon en hêtre de 18, et ça y va tranquillement.
L'autre moteur, par contre, trouvé à vil prix sur LBC(*), a probablement passé pas mal d'années dans un jardin, vu la quantité de rouille. La petite tige n'est pas en reste, et par conséquent elle ne sort pas.
(*) Cela mérite une petite digression. J'étais il y a quelques années sur le forum usinages, que j'ai fini par quitter. Quelques années plus tard je reçois un mail de l'un de ses utilisateurs qui me demande si je cherche toujours un moteur de Lurem (je ne me rappelais même plus avoir parlé de ça). Je dis oui, et il me dit qu'il en a vu un sur LBC et qu'au cas où, il l'a réservé pour moi !
Super sympa, non ? Le moteur étant situé à l'autre bout de la France, il a fait l'entremetteur et je suis passé le chercher pendant mon tour de France.
Pour enlever la boursoufflure de rouille, j'ai pris une petite bande de papier de verre grain 120. Pas besoin de s'échiner dessus, dès qu'on gratte un peu, la tige reprend sa taille de guêpe et peut sortir.
Vu l'état, je n'ai pas pu m'empêcher de brosser partout, et j'ai voulu enlever la poulie. En faisant levier avec un petit pied de biche et en tapant dessus avec le maillet caoutchouc.
La bonne nouvelle, c'est que ça a marché, la mauvaise, c'est que j'ai bousillé la poulie.
Je l'avais dit qu'il ne fallait pas être bourrin !
Petit rappel : une courroie trapézoïdale ne touche pas le fond de la gorge, elle est entraînée par les flancs de la poulie. Je suis donc bon pour en refaire usiner une.
Par ailleurs, la gorge de petit diamètre fait 47 mm alors que sur celle du moteur d'origine, elle ne fait que 40. Sachant que ça ne sert que pour la mortaiseuse (et parfois la toupie quand je l'équipe d'un abrasif) et que dans les deux cas elle tourne déjà trop vite, je ferai usiner une poulie de 40.
Bien qu'il y ait encore beaucoup de travail avant le remontage final, j'ai voulu faire une première présentation de la bête. Il n'y a pas de piège, ça rentre comme c'est sorti, et ça tombe en face des courroies.
La poignée est beaucoup moins pratique que l'autre (nous verrons plus tard comment arranger ça), mais les mouvements sont bons, la surlongueur du moteur ne gêne absolument rien, c'est encourageant.
Alors par contre, quand je vois sur les photos l'état des courroies, ça me fait peur ! Il faut dire, la machine va bientôt avoir 50 ans...
L'adaptation de la boîte à bornes
Eh oui, sur cette machine, l'articulation du moteur se fait par suspension par la boîtes à bornes... mais quelle idée saugrenue !
Et le nouveau moteur est plus classique.
Le problémo, c'est qu'il n'y a plus le commutateur ! Et l'ancienne boîte à borne est démontable, mais ne s'adapte pas au nouveau moteur. Les entraxes des vis sont différents, et surtout, la boîte à borne n'est pas à la même distance de la poulie, donc no way.
Or, je ne veux pas percer la nouvelle plaque (qui est sur placée sur une paroi qui fait contreventement, donc paroi structurante), et il est hors de question que je mette un autre commutateur que celui d'origine (trop trop beau !). Et il faut que ce soit pratique et accessible.
J'opte donc pour refaire une extension à la nouvelle boîte à bornes qui supportera le commutateur et qui arrivera juste au-dessous de la plaque actuelle. Ce qui, compte tenu des angles, promet d'être intéressant !
Voilà donc une occasion inespérée de sortir l'artillerie lourde.
Et après avoir fait un modèle à l'échelle 1:1 en carton, c'est parti pour une grosse journée de meulage...
Soudage...
Alors cette boîte à bornes étant dimensionnée pour la plaquette du commutateur, elle est plus large que la boîte à bornes du moteur.
Il faut donc lui ajouter des traverses un peu larges pour avoir l'étanchéité et permettre son vissage.
Mais coup dur : je l'ai faite assez large pour le commutateur, mais pas assez haute pour la boîte à borne du moteur !
J'aurais dû mieux calculer mes angles...
Mais ce qui est fait est fait, je ne me refais pas une demi-journée de meulage pour rattraper. Ça se terminera par une bavette. Ici avant soudage :
De l'autre côté, il faut pouvoir fixer le commutateur (admirez les soudures pourries, mais ce n'est pas grave, ça ne se voit pas et ce n'est pas chargé). Avec les trous taraudés.
Le trou dans la paroi latérale pour le passage du câble, là si l'on n'est pas bien équipé, c'est tous les diamètres l'un après l'autre, de 5 à 20mm.
Là on commence à voir le bon bout (après 1,5 jours de travail)...
Et voilà le moteur fonctionnel, prêt à prendre du service.
On voit que la boîte à bornes n'est pas dans l'alignement de la plaque du support (ce n'est pas bien grave en France, mais ici en Alsace, si on me tombe dessus on me fait la peau !).
Il manque un brin de couleur, je vais essayer de trouver une bombe de peinture verte assortie, et la poignée est vraiment pourrie et mal placée, ça mérite d'en refaire une autre.
(à suivre)
Le changement des courroies
Alors les courroies, parlons-en !
Quand on voit l'état des courroies qui ont 50 ans, on se dit que le jour où elles vont casser on sera très embêté, et qu'on ferait bien de les changer maintenant pour être tranquille pendant encore 50 ans.
Ce n'est pas tout à fait vrai* (ou alors, c'est un peu trop vrai, vous allez voir).
Étape 1 : commander des courroies. Je suis allé chez...
Malheureusement il n'y a pas de courroies des mêmes dimensions, apparemment personne n'en fabrique plus (je suis allé sur d'autres site, même chose).
Il y a un peu de marge en longueur, mais en largeur, 20 mm : nada. Le plus proche est en 21 mm.
NB : la petite pour la scie, la grande pour la dégau. Si c'était à refaire, je prendrais 2 ou 3 cm de plus pour la dégau, car c'est très limite, ça passe mais ce n'est pas confortable.
Petit rappel : les courroies trapézoïdales entraînent les poulies par leurs flancs, pas en fond de gorge (qu'en principe elles ne touchent pas).
(*) petit spoiler, une photo de mes poulies :
Or, nous voyons bien que la poulie de la scie (en avant-plan) est joliment rouillée, alors que celle de la dégau brille comme si elle était neuve, ce qui prouve que la courroie patine largement sur le fond de gorge*.
(oui, je mets des astérisques partout où un détail aurait dû me donner la bonne intuition, mais que voulez-vous, on ne peut pas être tout le temps au top...)
Alors comment faire entrer des courroies de 21 dans des poulies de 20 ? On ne peut pas. Donc étape 2 : faire usiner des poulies à la bonne largeur dans une PME locale :
Donc nous commandons :
- 1 poulie pour le moteur, à usiner sur plan (fourni),
- 1 retouche de la poulie de scie, sur laquelle il faut réusiner le flanc de 1 mm,
- 1 poulie pour la dégau, à usiner sur plan fourni aussi, car il n'y a pas assez de "viande" pour réusiner un flanc de 1 mm.
Poulie moteur
Les pièges à éviter :
Pour la cotation, ne surtout pas mettre la largeur de fond de gorge, car elle est arbitraire. Il faut mettre la largeur de courroie + l'angle + la profondeur de gorge. Mes courroies font 7 mm d'épaisseur, j'ai demandé 8 de profondeur. L'angle théorique du trapèze est de 13°, mes courroies font à peu près 7°, j'ai demandé 10.
Le diamètre de l'arbre est de 24 mm, mais pour un usineur, ça ne veut rien dire car il faut un ajustement glissant. Au lycée j'avais des cours de "bureau des méthodes" mais j'ai toujours été nul sur les ajustements et autres chaînes de tolérances. Apparemment pour mon alésage c'est 24 mm +0,02 / +0,05.
La poulie du moteur est bloquée sur l'arbre par une clavette, qui nécessite une machine spéciale pour faire la mortaise. Il est plus simple (donc moins coûteux) de faire usiner des filetages M8 tel que dessiné, et de bloquer la poulie par deux vis 6 pans sans tête.
Poulie de dégau
Là il n'y a pas de piège (par contre je n'ai pas les tolérances de l'alésage). Le filetage M6 correspond à celui d'origine.
Poulie de scie
Ben là, si tout va bien il n'y a pas besoin de plan, puisqu'ils ré-usinent la poulie existante. Sauf que dans mon cas ils se sont plantés, ils ont enlevé 2 mm au lieu de 1, et la courroie patinait.
Mais ils ont eu le professionnalisme de me réusiner une poulie toute neuve (avec le petit graisseur et tout).
Dans l'hypothèse où quelqu'un devrait faire usiner sa poulie, voici le plan qu'ils ont fait à partir de la mienne, en tombant dans le piège indiqué plus haut, que je me suis empressé de corriger.
Alors les pièges :
Comme pour l'autre, ne pas mettre le diamètre en fond de gorge, uniquement la largeur de courroie, l'angle et la profondeur de gorge,
Bien préciser que le filetage M12 a un pas inversé,
Pour mes courroies à l'angle chelou, j'ai donc demandé un angle de 10°,
Je ne sais pas à quoi sert le petit alésage de 5,1 sur 11,1 (il est borgne), peut-être avait-il été fait pour une question d'équilibrage. J'ai dit de ne pas le faire.
Pour le démontage des internes, il y a un circlips à enlever et une flasque ressort, puis taper doucettement avec un tourillon en bois...
Nettoyage de la graisse (une fois tous les 50 ans, on peut le faire !)...
Pour le remontage, il n'y a pas de piège (bien remettre de la graisse avec une pompe), et ça marche du tonnerre de Dieu !
Et maintenant la conclusion et les astérisques*
J'ai commencé ce pas à pas par la phrase suivante : "Le combiné Lurem C260N existe en multiple versions, et la mienne avait un moteur triphasé 1,5 kW, un peu faible en puissance."
Et en effet il était quasiment impossible de faire autre chose que des petits arrondis avec la toupie (fraise à rainer extensible, le moteur est à la peine) ; la scie pour tronçonner, ça allait, mais pour déligner il fallait avancer très lentement ; et pour le rabotage, je prenais des passes de plus en plus petites au fil des années* (jusqu'à descendre à 1 ou 2 10èmes pour ne pas que ça patine).
*Encore un fait qui aurait dû m'alerter !
Et maintenant ça marche du tonnerre de Dieu, mais pas parce que j'ai changé de moteur, c'est parce que j'ai changé de courroies ! Au lieu de glisser et de patiner, j'ai des courroies qui accrochent et cela change tout. Bien sûr, le moteur plus puissant est un atout, mais si j'avais pu conserver les anciennes courroies, elles auraient juste patiné davantage.
Conclusion, si vous avez des problèmes de moteurs "un peu faibles en puissance", et surtout si ce phénomène s'accentue au fil des années, vérifiez l'état de vos courroies !
Discussions
Merci
Oh oui, surtout en augmentant la puissance du moteur, je pense qu'il est temps d'offrir à tes courroies un repos bien mérité.
Quant à moi ça me rappelle que j'ai une scie à ruban à retaper et mettre en service.