Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.

Je souhaite partager les étapes de ce projet, les difficultés rencontrées et les solutions techniques apportées. Il a mis plusieurs longs mois à sortir, le froid et l'humidité de l'hiver ayant sérieusement perturbé le timing.
J'espère qu'il en sortira de riches et amicales discussions.
Cordialement.
Liste des articles
Les étapes
I. Situation de départ
II. Approvisionnement en bois
III. Définition du projet
IV. Débit
V. Corroyage des montants, des traverses et des lames
VI. Tronçonnage des montants et des traverses
VII. Tenons et mortaises
VIII. Traverse cintrée
IX. Usinage des feuillures et mouchettes
X. Usinage des rainures
XI. Usinage des lames
XII. Montage final
XIII. Quincaillerie et peinture
I. Situation de départ
Les vieilles maisons ont du charme mais, comme aurait dit La Palice, elles ont l’inconvénient d’être vieilles. Leurs persiennes, quand elles en ont, le sont aussi. Chez moi, la plupart des persiennes sont encore en bon état malgré leur âge respectable : elles sont en place depuis 1848 ! Saluons au passage le travail exemplaire de nos anciens.
Mais quelques-unes, placées sur la façade orientée au SSO, s’apprêtent à tomber en morceaux.
L’alternance de soleil et de pluie a fait son œuvre. La présence d’anciennes équerres en fer signale des tentatives de prolongation de vie, mais le diagnostic vital est désormais engagé.
Trois ou quatre ventaux seront à changer rapidement.
Gros projet pour un modeste amateur. Courage ! il faut s’y mettre …
Pour commencer, il me faudra du chêne sec, si possible de la propriété car c’est ma philosophie, mais je n’en ai pas en stock, sinon faire mes emplettes chez le scieur du coin.
Il faudra aussi attendre le passage d’une nacelle pour décrocher les malades, prendre tranquillement leurs cotes pour les reporter sur SketchUp que je commence à maîtriser, et bien sûr récupérer la quincaillerie.
A suivre ...
II. Approvisionnement en bois
Abattage de deux chênes
Deux chênes proches de la maison dépérissaient en raison, je suppose, des canicules et du manque d’eau de ces dernières années. Comme bien d’autres chênes en forêt, malheureusement. De plus, ils étaient menaçants pour leur environnement, notamment pour une petite dépendance. Il fallut donc se résoudre à les faire abattre, ou plutôt à les « démonter », avec l’aide d’un grimpeur, opération très spectaculaire, indispensable pour éviter une chute destructrice. Une fois les têtes puis les banches puis les troncs habillement tronçonnés, ils sont réduits à l’état soit de stères, soit de billes.
Sciage sur place par scierie mobile
Les marchands de bois et les scieries ne se déplacent pas pour deux « bouts de bois », comme on dit dans leur jargon, car il aurait fallu pour ça pouvoir remplir un grumier !
Restait la solution de faire venir une scierie mobile. Et un engin de levage pour déplacer les billes et les installer sur la table d’opération. Ce qui fut fait.
Au cours du sciage, le parfum du chêne s’exhale et la beauté du bois commence à se révéler, les défauts aussi.
Mise en plot
Le scieur qui connait bien son affaire, me conseille sur les épaisseurs à choisir et, en fin de processus, m’aide à mettre en plot, dehors, parfaitement à plat, sur liteaux sapin pour éviter le marquage du bois par le tannin, et sous protection de tôles que j’avais en stock, bien tenues en places par de grosses pierres et des parpaings.
Avec ce stock de bois, je devrais pouvoir réaliser au moins les 3 ventaux de persiennes.
Il faut maintenant s’armer de patience car le séchage en extérieur va prendre trois ans.
III. Définition du projet
- Dépose des persiennes à changer
Le passage des couvreurs, et surtout de leur nacelle, a permis de descendre deux des trois battants à changer, un battant gauche et un battant droit appartenant chacun à une fenêtre différente. Bizarrement et heureusement, après enlèvement, l’absence de ces volets n’était pas perceptible sauf pour un œil averti.
Le troisième battant, de dimension légèrement réduite, situé au premier étage et protégeant une chambre à coucher, est laissé sur place pour l’instant. - Prise des cotes sur les anciennes persiennes
Chaque battant comporte des dimensions différentes. Ceux descendus au sol et placés sur des tréteaux de peintre sont assez délabrés avec des manques de matière, rendant la prise de cotes un peu hasardeuse. Le troisième battant, suspendu au-dessus du vide, n’était pas facile non plus à mesurer. Etablissement du plan sur SketchUp 2017
Après le report des chiffres des battants du rez-de-chaussée, crayonnés sur un petit carnet, vers le PC, réalisation du plan sur SketchUp de ces battants, qui a été publié sur l’Air du Bois.
Dans un deuxième temps, j’ajouté le troisième battant sur le même plan pour n’avoir qu’une seule fiche de débite, les trois battants étant coloriés d’une couleur différente pour éviter les confusions, notamment lorsqu’on zoome et qu’on ne voit plus à qui on a affaire.Fiche de débit OpenCutList
L’excellent plugin de Boris, que je remercie au passage, me permet d’établir une liste complète de mes besoins, en cotes brutes et en cotes capables. Il ne restera plus qu’à aller faire mes emplettes sur les plots après leur séchage complet.
IV. Débit
- Déplacement du plot
L’un des plots est mis à l’abris des intempéries dans une vieille bergerie ventilée naturellement. Le second plot est chargé, et reconstitué sur ses liteaux, sur un vieux plateau agricole et tracté par mon fidèle Soméca jusqu’à la grange, à côté de l’étable qui me sert d’atelier. Choix des plateaux de chêne pour en tirer les traverses, montants et lames
Le point délicat est de trouver dans ce stock de bois en priorité les 6 montants de 2m60 sans défauts, en particulier sans nœuds et sans fissures. Je suppose que les contraintes mécaniques sont élevées en cas de coup de vent, lorsque les volets échappent et frappent brutalement le mur. Pour les traverses et les lames, leurs longueurs inférieures à 70cm et leurs exigences qualitatives ne posent pas les mêmes problèmes.Délignage des plateaux,
Jusqu’à présent, j’avais toujours déligné sur ma Lurem c210b. Il s’agissait de pièces de bois de dimension réduite, mais, malgré tout, ce n’était pas sans risque ni sans stress.
Mais là, les plateaux sont trop lourds et surtout trop longs, impossible de jouer à ce jeu dangereux. Je décide de déligner sur place et d’acheter pour ce faire une scie électroportative. Mon choix se porte sur la scie circulaire Bosch PKS 66A, en espérant que sa puissance de 1600W, son diamètre d’outil de 90 et sa profondeur de coupe annoncée de 66mm feront l’affaire.
Le plateau agricole étant un peu haut, je place des bastaings de part et d’autre sur des parpaings pour avoir un accès facile et relativement confortables. Les plateaux à déligner devront être glissé vers le côté de la remorque et placés sur liteaux, pour ne pas faire de dégâts en dessous de la coupe.
Pour le plot de la bergerie, il est au sol, il faudra donc se pencher et ce sera moins commode.
- Purge des défauts et marquage
L’identification des défauts à purger se fait au crayon gras et met en évidence les zones exploitables. Ce qui permet le marquage des pièces, en fonction des longueurs et largeurs requises, avec les lettres définies par OCL dont la feuille de débit sert de checklist à cocher au fur et à mesure. Quel luxe !
Pas mal de manipulations pour arriver au bout du compte. Encore une fois, c’est surtout le marquage des montants qui est prioritaire compte tenu de la difficulté à trouver ces longueurs bien purgées. Les traverses hautes, très larges compte-tenu du cintre, ne sont pas très faciles à identifier non plus.
Les lames, dont l’épaisseur finie sera de 12 mm, seront tirées des plateaux les moins épais.
Et c’est parti, hardi petit ! la Bosch fait le boulot vaillamment, en délignage tout au moins. En tronçonnage, je me prends quelques kick back peu sympathiques. Je dois mal m’y prendre.
V. Corroyage des montants, des traverses et des lames
Nouveau projet, nouveaux tranchants. C’est une étape que j’ai souvent négligée dans le passé et bien à tort. Pour les fers, c’est mon affuteur qui est mis à contribution, pour les rabots et ciseaux, c’est le touret à eau Scheppach Tiger 2000 qui fait parfaitement l’affaire.
Un pré-corroyage est réalisé sur la Lurem c210b à des cotes légèrement supérieures, puis repos des pièces d’une quinzaine de jours avant le corroyage définitif, en suivant les préconisations d’Étienne Desthuilliers questionné sur le sujet.
Les pièces, une fois bien propres, laissent apparaitre une multitude de petits trous, comme si les vrillettes avaient contaminé mon lot complet. Angoisse !
Je pose la question sur l’Air du Bois : certains préconisent de tout mettre au feu. Étienne Desthuilliers, me faisant constater que les orifices des trous étaient noirs et qu’il n’en sortait aucune poudre et écartant l’hypothèse d’une contamination active, me conseille « off record » de conserver le bois. Ce que je décide de faire. Pour des raisons esthétiques, je procède quand-même à l’élimination des parties les plus touchées.
Dans le corroyage, les marquages disparaissent ! Je les reporte au fur et à mesure sur les champs.
Pour les lames, leur épaisseur définitive ne sera connue avec précision qu’après la réalisation des rainures des montants, car il pourrait y avoir de mauvaises surprises de ce côté-là. La largeur des lames sera laissée à 1 à 2 millimètre de plus que le plan pour permettre de corriger les défauts possibles de centrage de la mortaise cylindrique qui sera pratiquée dans la rainure (dans les montants). En finition, il faudra donc raboter un peu cet excédent.
VI. Tronçonnage des montants et des traverses
Il est effectué sur la Lurem.
Pour les montants, qui font > 2m50, mise en place d’un petit dispositif pour compenser le porte-à-faux. Il s’agit de deux servantes mises côte à côte, rouleaux perpendiculaires au trait des scie, et d’une planchette posée dessus se déplaçant parallèlement à la coupe, une pince à ressort de chaque côté de la planchette pour faire buttoir et l’empêche de tomber. Ce montage un peu baroque donne satisfaction.
Je laisse une bonne marge côté cintre, car il sera recoupé avec le cintre après montage.
Pour les traverses, j’ai prévu sur le plan une longueur de tenons 1mm plus longue que le largeur des montants, qui sera à raboter à la finition.
VII. Tenons et mortaises
Traçage et usinage des mortaises des montants
Utilisation d’un trusquin de traçage métallique avec roue et précision micrométrique nouvellement acquis. Exit mon bon vieux trusquin en bois qui me sert fidèlement depuis tant d’années.
Utilisation de la mortaiseuse à mèche de la Lurem. Montage d'usinage : voir photo
Difficultés rencontrées :
• Pour les montants, mise en place comme pour le tronçonnage de deux servantes et d’une planchette pour compenser le porte-à-faux. La planchette est posée parallèle au sens de pénétration.
• Les mortaises sont débouchantes, donc les mèches disponibles doivent être tenues du bout des mors. Pas très catholique mais que faire d’autre ?
• Impératif d’être bien centré en hauteur car les montants seront retournésTraçage des 24 tenons de traverses
Pré-Usinage des 24 tenons de traverses à la scie à ruban
Je prévois une marge de sécurité de 1 mm compte-tenue de l’imprécision de la coupe sur ma Makita LB 1200F, équipée pourtant de lames de la Forézienne MFLS.- Finition des tenons des traverses à la toupie et la guimbarde
Les 40 premiers mm sont finis avec le disque à rainer de ma toupie. Au-delà, il faut reprendre la guimbarde (faite maison), c’est long mais ça se fait. - Usinage à la toupie des chanfreins de traverses
Pour cette opération, utilisation du porte-outil universel et de deux fers à mouchette. C’est bien casse-pied à régler si on veut que les deux fers travaillent ensemble. Est-ce que je m’y prends correctement ? Et est-ce bien nécessaire ? - Assemblage à blanc des montants et traverses
J’opte pour un pré-assemblage à blanc sans les lames. Avec les lames ce serait quasi impossible de faire les ajustements nécessaires.
IX. Usinage des feuillures et mouchettes
- Désassemblage
Le désassemble est nécessaire pour effectuer les divers usinages sur le montants. Il est réalisé à plat sur l'établi en inversant les serre-joints dormant. Usinage à la toupie de la feuillure des montants
Réalisation avec le disque à rainurer et des bagues intercalaires, selon moi nettement plus faciles et sécuritaires à mettre en œuvre que le porte-outil universel.
L’usinage des trois montants sur la toupie de la Lurem est effectué à plat. Pose du presseur vertical bien que la pièce soit lourde. Une servante en entrée, une autre en sortie et les presseur latéraux bien ajustés. Voir les plans de ces dispositifs si nécessaire.Usinage de la mouchette
Impossible de trouver dans le commerce le profil des anciennes persiennes, il faut donc le réaliser. Dans ma boite à fers de toupie Guilliet achetée en 1981 (peut-être la dernière année où cette marque existait encore), je trouve un jeu de mouton & gueule de loup que je n’ai jamais utilisé car de petite dimension. Le fer pour mouton est donc sacrifié et travaillé. Une petite amputation et le meulage de la dépouille : voici mon fer de mouchette aux cotes souhaitées !
L’usinage des trois montants sur la toupie de la Lurem est effectué sur champ. Pas de presseur vertical car la pièce est suffisamment lourde. Une servante en entrée, une autre en sortie et les presseur latéraux bien ajustés. Un peu de stress mais ça se passe tout à fait bien. Il ne faut pas se planter car je n’ai pas de quoi réaliser un montant de plus.
Ce pas à pas présente un projet en cours de réalisation.
Discussions
D'avance grand merci.
Je vais suivre assidûment
Une belle idée ce pas à pas
Merci pour le partage
Il manque une étape importante '' le traçage ''