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trente six seb

Roubo en numérique (ou presque mais c'est pas mal)


On en a tous rêvé et c'est presque là.
Je crois savoir que la version numérique du Roubo existe (permettant notamment d’avoir les planches dans le corps du texte et avec la possibilité d'utiliser une fonction recherche). Elle est payante, ce qui peut paraître normal vu le travail accompli.

Ici, on a un sommaire détaillé qui renvoie vers les pages numérisées déjà disponibles sur les sites de Gallica, E-rara et Internet archive.

Bref, c'est pratique. et gratuit du coup.


Discussions

trente six seb  a publié la trouvaille "Roubo en numérique (ou presque mais c'est pas mal)".
il y a 4 ans
Cadeau que l'on m'a offert avec un don sur l'AdB :)
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Merci pour ce partage !

Elle est payante, ce qui peut paraître normal vu le travail accompli.

Je ne partage pas cet avis et je vais apporter la nuance. Cette nuance est celle du statut des acteurs revendant ces oeuvres du domaine public. Et ils sont privés. Autrement dit, il a été décidé de faire appel à une entreprise privée qui s’accapare du domaine public pour en faire du profit. Il aurait été souhaitable que l'Etat (donc nous) conserve la main sur ces oeuvres (ce qui n'empêche pas une entreprise de faire le boulot... si jamais c'est intelligent de le faire comme ça) et en utilisant l'impôt (qui sert à financer le commun) pour financer ça.

Pour plus de détails, voir ce communiqué.

savoirscom1.in...nale-de-france/

trente six seb
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Avec plaisir.
La version du Roubo dont je parle contient le texte numérisé. Ce n'est pas une numérisation du livre ou des pages mais un autre travail beaucoup plus important.
Le Roubo numérisé est accessible gratuitement et là ça me paraît normal, c'est la mission des bibliothèques.
Par contre, je ne connaissais pas le débat que tu soulignes. Je trouve ça intéressant et effectivement je trouve aberrant qu'on privatise la culture libre de droit.

dneis
( Modifié )

Est-ce que la version du Roubo numérisée payante dont tu parles est celle ci (et parle de cette version) ? Il semble que le travail qui a été fait était de mettre des hyperliens à chaque renvoi vers une figure d'une planche dans le corps du texte.

C'est pas mal de boulot, même si je suis partisan du libre, je comprends la valeur ajoutée.


Mon rêve -quand je serai à la retraite, c'est à dire pas avant longtemps- serait de reproduire la mise en page du texte du Roubo, pour avoir une version légère (juste du texte) avec des hyperliens vers les planches et les figures. Et bien évidement table des matières interactive. Avec LaTeX, pour avoir ensuite un pdf hyper propre dans lequel on peut donc rechercher dans le texte.

Pour l'instant, je bute sur la reconnaissance de caractères (OCR) avec ces fichus 's' anciens qui ressemblent à des 'f'... Et puis faudrait automatiser le tout, car y'en a des pages !

trente six seb

C'est un beau projet. Vivement qu'on t'ajoute en trouvailles ! 🙃

smcj
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dneis
Je n’ai jamais vu que le travail de cet éditeur ait été d’avoir fait systématiquement un lien entre les appels aux Planches du texte vers l’iconographie. Même le travail inverse, qui consiste à répertorier tous les appels depuis les Planches, vers le texte, en répertoriant tous les appels notés dans les marges (et non, encore, dans le texte proprement dit) est un travail qui a été fait sur Roubo.art, mais qui ne me semble pas être réalisé par l’éditeur commercial...

Pour ce genre de traité, je suis très bien placé pour savoir à quel point c’est épouvantablement fastidieux puisque c’en est un que j’ai commencé (et jamais terminé) pour un autre traité, contemporain de celui de Roubo, et relatif à mon propre métier, ceci dès 1998 (ici, un exemple parlant) ! Ce travail pourra effectivement se faire lorsqu’une version correcte du texte, par exemple dans sa typographie originale, aura été extrait des versions photographiées. Vous pouvez commencer par aller fureter sur le forum dédié, pour vous rendre compte que vous êtes loin d’être le seul à éprouver le désir qui est le vôtre. Je reste à croire que c’est un travail qui doit se faire par une communauté, puisque cela demande d’être extrêmement relu pour obtenir quelque chose de pas trop mauvais. Dans tous les cas, la production du texte, par exemple balisé en XML, pourra se décliner dans tous les formats de la création : PDF, ePub, ODT &c. Je vous promets qu’il sera très aisé de vous le fournir sur votre Minitel de récup, installé en réseau dans votre atelier (car rien n’est plus résistant à l’obsolescence programmée qu’un Minitel) ..!

Et puis faudrait automatiser le tout, car y'en a des pages !

1312 et des brouettes dans le format in folio... L’automatisation de la reconnaissance des s longs est (très) loin d’être évidente. Je vous conseille d’aller lire ici et les propos déjà échangés avec Jean-René Bastien, précisément sur le sujet spécifique du texte de Roubo... Vous comprendrez peut-être que tout cela n’est pas simple et ne peut pas (on en est autant désolé que vous), être résolu d’un clic de souris. Jean-René Bastien a une idée très précise de ce que c’est qu’une police de caractère. Comme lui, le sujet peut être abordé par n’importe qui ... à la condition de savoir s’y tenir...

Dans tous les cas, je dis (et je rabâche) que je ne crois pas à un seul relecteur. Il faudrait être des dizaines pour produire correctement un texte aussi dense. Je ne dis pas que cela ne soit pas possible ; je dis juste que cela demande d’y croire.

Beaucoup.

😇

smcj
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Bonjour à tous,

Merci (énormément) pour cette trouvaille que je ne découvre qu’aujourd’hui, presque un mois après sa publication, et qui, évidemment, n’en est pas une pour moi puisque je suis l’auteur de ce site. Je dois préciser deux ou trois bricoles et rien n’est mieux que de le faire sur cette page de « L’air du bois » dont je salue au passage l’ouverture d’Esprit, autant de son créateur que de ses acteurs, qui, tous, me font souvent découvrir et apprendre des choses, toujours passionnantes.

Roubo.art est, presque exclusivement, un travail d’hiver, au bord de la cuisinière à bois, dans un contexte qui mêle étrangement le XIXe siècle (il fait froid dans les fermes non restaurées du Plateau de Millevaches) et le XXIe... C’est aussi un travail fait dans un esprit de décroissance, sur un tout petit Raspberry-Pi... C’est aussi (et je le regrette) un travail qui subit un peu la résonance de ma disponibilité, en fonction de ma vie personnelle, pas forcément toujours prévisible. Notez, par contre, que j’ai eu d’autres projets dans ma vie, dont certains ne sont pas achevés, mais qui ne sont jamais lâchés. Je veux dire, par là, que ce qui est commencé trouvera sa fin ; particulièrement pour ce projet-là.

Depuis relativement récemment (un pur hasard, naturellement), l’éditeur « Les passerelles du temps », donne à télécharger en PDF l’ensemble de ses numérisations du texte de Roubo comme un exemple à voir de sa production. Si l’on prend les seules tables des matières, la transcription en question est pleine de fautes. Parfois l’orthographe originale est respectée ; parfois non ; sans que l’on sache pourquoi. Ce fait frise le ridicule dans certains titres de Planches. Par exemple, la numérotée 62, le titre original de la Planche parle des « embrasements de croisées ». Corrigé par l’éditeur, cela devient « embrassements ». Soit on suit l’orthographe, très variée, du XVIIIe siècle, soit on modernise. Mais si cette dernière solution est choisie, alors on se fixe une rigueur à suivre autrement plus poussée que celle que nous pouvons constater ici. Là, c’est du grand n’importe quoi, sans parler du respect des majuscules ou de la typographie. Certains mots des titres de Planches manquent (Planche 109). Pour ce qui est de l’OCR, il est naturellement automatique, jamais corrigé, et celui que vous pourrez télécharger gratuitement sur Internet Archive et d’une qualité infiniment supérieure.

C’est la raison pour laquelle je me permets de non seulement rejoindre « sciunto » (dont le lien sur savoirscom1.info est particulièrement à-propos dans le présent fil) mais aussi appuyer là où cela fait mal, à savoir la qualité plus que minimale de cette appropriation.

Toutes les Planches, même les plus larges, ont été réduites GRAPHIQUEMENT, à une largeur de page A4. Dans le cas de la très large numéroté 94, cela donne, tout de même, cela... C’est, selon moi (et pour le prix), juste inacceptable. On peut faire la comparaison avec la version actuellement disponible sur Wikimedia Commons ou revenir à mon paragraphe sur le traitement spécifique des Planches qui détaille, je crois assez bien, la problématique d’une transcription numérique de cet ordre. Si, dans le même texte, j’oppose une vue « qui se hisse jusqu’à une pensée éditoriale », c’est peut-être, aussi (...), parce que cette transcription commerciale me semble être une insulte à l’esprit-même de son auteur. La page Wikipedia qui lui est consacrée (et pour laquelle j’ai quelques affinités) abonde en citations relevant l’état d’esprit de Roubo ; on peut encore s’y référer, juste pour se rappeler à soi-même cette sienne attention à « concourir à la perfection d’un monument fait pour illuſtrer notre ſiecle, & éclairer l’avenir ». Si, au pesé de l’excellence de la gravure sur cuivre dont Roubo a signé presque cinquante pour cent de leur réalisation complète, le « répond » de l’avenir que nous sommes, avec les outils qui sont les nôtres, consiste à supporter des bouses de cette ampleur, cela illustre alors à merveille l’absolue nullité de notre propre époque. Sinon, vous pouvez toujours vous convaincre que vous allez apprendre l’Art du Trait avec la version commerciale de la Planche 140 (et celles qui précèdent ou suivent) ; à défaut de vous en souhaiter bien du plaisir, il apparaît, quand même, que la possession de ce CD-ROM commercial relève plus du snobisme bobo que de la connaissance. Il faut alors retourner aux citations-mêmes de l’auteur, évoquant les « demi-Savants, qui regardent comme inutile tout ce qu’ils n’entendent pas, ou ce qu’ils n’ont pas le courage de vouloir apprendre ; ce qui leur fait préférer des abrégés qui ne leur enſeignent que des mots, dans la connoiſſance deſquels ils font conſiſter toute leur ſcience, si cependant c’en eſt une que celle qui ne ſert qu’à ſurcharger la mémoire ſans éclairer l’eſprit, & qui fait plutôt des ignorants orgueilleux que de vrais Savants. »

Vous avez dit modernité ?

😎

trente six seb
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Merci de ton retour smcj c'est toujours intéressant d'avoir "sous la main" le créateur de ce qu'on commente.
Là, je suis sur téléphone et je n'ai pas encore pris le temps de consulter les nombreux liens qui émaillent ton message. Je m'y rendrai ce soir sur pc, ce sera plus confortable.
En tout cas, tu sembles bien connaître le Roubo, et ça force déjà l'admiration. Tant il est dense.
Personnellement, j'ai essayé de lire le menuisier ébéniste mais ça ne se lit pas comme ça. Enfin pour moi c'est trop inconfortable.
Par contre, bien le connaître pour bien s'y référer en cas de besoin me semble bien utile dans notre métier ou notre passion.

smcj
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Je connais, évidemment, beaucoup plus le traité de son pote (ils se citent mutuellement) : Dom François Bédos de Celles... Mais disons que c’est « un bain », dans lequel je suis rentré un peu comme « en religion » au sortir de l’adolescence, donc au début de mon apprentissage. Ils étaient une « bande », tournant autour de Duhamel du Monceau et Grandjean de Fouchy . Et franchement, ce n’était pas, exactement, des brêles... Leurs désirs étaient énAUrmes... Et, comparativement à nous, ils n’avaient RIEN. Donc ce sont des gens qui, au-delà-même de la notion de temps qui nous sépare nous foutent des baignes à tire-larigot, à longueur de lignes et de traités. À nous de les recevoir comme telles ; avec, toujours, comme but, de les dépasser. Nous sommes des nains sur des épaules de géants, mais nous voyons plus loin qu’eux ; malgré tout, parce que l’Histoire s’est déroulée entre temps et que notre conscience s’est, malgré tout elle aussi, éclose en nous.

Je reste, pour ma part, convaincu qu’une fois qu’une version numérique TEXTUELLE, parfaitement conforme à l’originale, existera, il sera possible, en un tournemain, de la passer dans un français plus accessible à ceux qui, comme toi, n’ont pas l’aisance dans la pratique des textes anciens. Le passage, dans ce sens, est très automatisable. Connaître ces textes anciens n’a rien de passéiste ; c’est, au contraire, en plein XXIe siècle, très moderne. Mais c’est une modernité qui place son centre de gravité sur la conscience et ça, cela demande un effort, souvent considéré comme superflu. Passer à côté, c’est, pour moi, faire précisément acte de dépendance à une routine, à une absence de maîtrise ou de conscience donc, principalement, de Liberté.

Et il est peu d’homme qui, comme Roubo, préfigurent ce que sera la Révolution, non dans ce qu’elle aura de pire, mais bien dans ce qu’elle désirait de meilleur.

trente six seb
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Tout cela devient philosophique et j'en connais trop peu sur Roubo (l'homme) pour avoir suspecté tout cela. Mais du coup, tu me donnes envie de creuser un peu plus cet aspect du personnage.
Je l'ai dit ailleurs, je suis plus XiX ème siècle parce que c'est plus facile à lire. Mais le Roubo étant toujours une référence (parmi d'autres, citons le Jamin par exemple, voire le Roret), il me parait difficile de passer à côté.

La prise de conscience me parait nécessaire mais, optimiste de nature, je suis plutôt pessimiste sur la nature humaine.

smcj
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Il n’est pas, selon moi, de philosophie ou d’anthropologie qui ne trouve sa résonance dans le moindre tenon-mortaise, queue d’aronde ou autre bout de bois... Imaginer une productique en faisant fi, d’un revers de main, l’individu qui l’a produit, c’est se mettre au niveau des machines. Qu’on me pardonne d’être pourvu de plus de prétentions. Puisque tu lis Léon Jamin (Roret reste un éditeur...), encore plus d’un siècle plus tard et à chaque page, tu ne peux ignorer ses piqûres de rappel d’un humanisme fondamental à la signifiance de chaque geste. C’est la société industrielle, naissante à l’époque de Jamin (et devenue cancérigène de nos jours) qui a tué cette évidence. À nous de relever le défit de résilience de cette maladie productiviste : savoir, de ses propres mains, faire une queue d’aronde, ce n’est pas à dessein de faire de belles photos sur InstaMachin ; c’est un acte qui accompli la maîtrise que nous avons sur le monde, donc sur nous-même, et qui a comme résonance, entre autres, de ne pas polluer les océans de plastiques merdiques (incroyable non ???).

Donc Roubo, comme n’importe quel autre, a une vie, des émotions, des points de vue ; il bouffe, chie et baise Madame, comme n’importe qui. Là où il est exceptionnel, c’est que sa pensée, en l’occurrence technologique, traverse le temps et nous parvient. Ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Et l’Internet n’est qu’un supplément d’âme fort peu pesant au regard de l’ampleur de leurs témoignages. Alors à défaut de savoir comment il s’y prenait avec Madame, on se questionne sur ses points de vue ; lui, et les autres de la bande. Ils sont d’une probité et d’une élégance aussi propre à leur siècle qu’à la mentalité de la nation qui les a pétris ; il n’y a pas d’égal, au monde. Nous parlons encore leur langue ; « ZI-VA-sa-mère ! », elle a si peu changé...

C’est, précisément, parce qu’ils n’avaient rien de « machines » qu’ils nous ont laissé une foison de notes de bas de page où abondent leurs humanités. Et c’est encore précisément ici, bien au-delà de l’apprentissage d’une technique lambda, de l’évocation rhétorique d’un tour de main (même s’il peut, encore aujourd’hui, se révéler toujours aussi efficace, sinon plus, que toutes les défonceuses « Blanches & Droites »...), que leurs lectures nous aident à nous sentir nous-même autre chose que de simples objets techniques, technologiques, sans faille et avec, surtout, toujours moins de goût.

Un exemple ? J’avoue que c’est fort peu et que plusieurs seraient plus parlants... Alors c’est parti : nous ne sommes pas encore tout à fait en 1789, mais l’esprit du temps n’est plus à la déférence crétine à l’endroit de l’aristocratie. On la sert encore (parce qu’elle a du pognon propre à survivre), mais elle commence à nous les briser ; menu. Et puis les corporations c’était bien, mais faut pas déconner : cette appropriation des outils est ridicule ; ouvrez les fenêtre et laisser rentrer l’air. Ça pue.

  • On commence gentil en note de bas de page, page 52.
  • On sera nettement plus mordant, plus tard en page 897 (« Les menuisiers ébénistes se servent, pour la construction des ouvrages dont il est ici question [...] »), sans oublier de bien mettre les points sur les i en note de bas de page, page suivante.
  • Les snobs me gavent, note de bas de page, page 36 du « Traité de la construction des théâtres et machines théâtrales ».
  • Avant, c’était mieux, note de bas de page page 982 et 983. Pure merveille de l’ambiguïté d’un homme qui voudrait, aussi, que la modernité ne le bouffe pas (rien de nouveau sous les tropiques).
  • Et puis la merde, c’est de la merde, note de bas de page page 601.

Il faudra attendre la « Conclusion de l’Art du Menuisier » pour en savoir un peu plus sur sa vie même si, en début de Seconde Partie, l’« Avertissement de l’auteur » (1770, non paginé) nous donnait quelques bribes d’informations sur sa vie privée dépassant largement ce que les journaux de l’époque, ici ou , pouvaient nous laisser entrevoir de sa vie publique, bien avant que ne naisse l’histoire, presque légendaire, écrite au XIXe. Il est (très) clair qu’il en a chié... Mais comme tous les grands, et à longueur de page, il n’a jamais oublié cette attention nécessaire portée à l’ouvrier qu’il n’a jamais cessé d’être.

Il est trop tard, ce soir, pour que je cite de mémoire tel ou tel passage marquant chez Roubo. Alors j’ai envie d’en faire un du même ordre (les deux hommes étaient vraiment potes), chez Dom Bedos. Dans un contexte de calcul d’une soufflerie d’orgue, il s’agit de pratiquer une racine carrée « en faveur des ouvriers qui ne ſauroient pas faire cette opération » (outre les orgues, le gars Bedos était quand même spécialiste des calculs astronomiques utiles à l’établissement des cadrans solaires). Et c’est reparti pour une diatribe, en caractères de notes de bas de page (plus petits, donc on en bafouille nettement plus), étalée sur plus d’une page et demie.

Je mets au défi quiconque de me trouver un tutoriel internautique sur n’importe quel sujet technique de cette profondeur. On a perdu cette concentration, cette attention, ce sens du détail qui s’inscrit dans un ensemble. On veut Roubo, là, maintenant, tout de suite ; mais le savoir n’est pas un bien de consommation. Le savoir est un bien humain ; aucune machine, aucun CD-ROM bâclé pour le commercialiser ne peut nous aider à l’intégrer. Pour lutter contre les connards qui détruisent les ponts du Moyen-Âge ou ne savent pas travailler dans une charpente du XIIIe sans la brûler, c’est la société-même qu’il convient de changer. Et cela, c’est d’abord par nous et en nous que cela commence.

« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante »
Le renard, s’adressant au Petit Prince.
Antoine de Saint-Exupéry

trente six seb
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smcj je n'ai pas lu Léon Jamin. C'est un projet. Il y a 4 mois je ne savais qu'il existait. C'est un Compagnon qui m'a expliqué qu'il utilisait plus le Jamin que le Roubo (et qu'il le possédait en version numérique). Mais le savoir faire est acquis : il est Chef d'Atelier et on est dans une logique de production.
Pour le Roret, j'ai vu qu'il était dans les livres de référence de la boutique du Bouvet, je n'ai pas (encore) cherché plus loin.

Encore une fois ta réponse est fort détaillée et mérite que j'y consacre un temps qui ne sera pas à ma disposition aujourd'hui. J'y reviendrai donc.

Toutefois ton premier paragraphe résonne fortement en moi : j'ai quitté le monde de la banque il y a quelques mois pour devenir Menuisier. Si tout va bien, je rentre en formation en novembre. Il n'y a que l'artisanat qui me paraît être la voie de l'épanouissement personnel.

smcj
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Le propre d’un échange comme le nôtre est précisément de pouvoir prendre le temps et y revenir à souhait, de partager aussi bien au-delà des acteurs qui y interviennent. En conséquence sois bien rassuré sur le fait que je n’attends pas de réponse de ta part, à fortiori parce que j’ai bien conscience d’être plus à l’aise que la moyenne dans la connaissance des choses évoquées dans le présent fil.

Encore une fois, Roret n’est PAS un auteur mais un éditeur, principalement du XIXe siècle, très connu pour son « Encyclopédie pratique ». Si tu te tâtes à retourner à ton ancien métier, alors tu peux aller réapprendre les bases, façon pleins et déliés, avec le Manuel du banquier, bien entendu en version manuel Roret... Toutefois je reste à croire que tu seras sans doute plus sensible à cette citation d’Albert Einstein qui disait qu’« un jour, peut être, l’artisanat sauvera l’humanité »...

Les livres disponibles sur le site du « Bois + Le Bouvet » présentent presque Roret comme un auteur, ce qui est grandement du n’importe quoi. Ce site commercial présente un ouvrage, en deux tomes, intitulé « Menuisier en Bâtiments » et un autre « Sculpture sur bois » comme un « manuel » ou une « encyclopédie » Roret. Quid de l’auteur ? Sait-on si c’est un mixage de plusieurs éditions ? À partir de quoi ces textes ont-ils été établis ? Cela sent évidemment Nosban et Maigne à plein nez... Mais quelle édition ? Dans sa version en deux tomes, de 1843 ? Dans celle, en un tome, de 1929 ? Avec des inclusions du « Marqueteur et du tabletier » ? On ne sait pas, et c’est, pour le moins, moyen.

Le catalogue de la BNF nous montre que Nosban a été publié depuis 1827 à nos jours. C’est par cet intermédiaire que j’ai, après recherches (laborieuses), fini par comprendre que ce que vend Le Bouvet est un reprint de 2007 de l’édition de 1882.

Le manuel Roret sur la Sculpture sur bois a été écrit par un dénommé S. Lacombe. Il y a, là aussi, eu plusieurs éditions dont la première semble bien être de 1868. Au pesé du nombre de page annoncé (484), on suppose que celle que vend Le Bouvet reprend l’édition de 1929. Mais comme le reste, c’est uniquement commercial : tu achètes un truc, mais tu ne sais même pas ce que tu achètes ; c’est tout de même très (très) approximatif ! C’est comme si on te vendait une bille de bois en te disant « c’est du bois d’arbre, maintenant, démerde-toi »...

Pas du tout (mais alors pas-du-tout) le genre de choses qui m’exaspèrent...

😡

trente six seb
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Les notes de bas de page me parleront différemment dorénavant.
Tu dis que la langue a peu changé mais les idées et les problèmes également.
Certains ont disparu comme l'interdiction d'utiliser des outils des autres Arts mais certaines de ces notes sont très modernes et actuelles.

L'uchronisme dont fait preuve Roubo semble perpétuel. Est ce au moment où on partage cette notion du "c'était mieux avant" qu'on deviens un vieux con ? En même temps la décroissance dont tu as parlé dans les motifs de la création du site roubo.art me semble porter en elle un retour aux temps antérieur.

Et je partage cette vision de plus en plus. Mais mon "éducation" sur ces points est en cours.

Un autre sujet m'intéresse depuis peu : les corporations et au delà l'organisation du travail artisanal, voire du travail tout court. Déjà, déçu par mes dernières expériences professionnelles, je voulais écrire une série d'articles sur la "valeur travail". En extrapolant un peu, cette expression recouvre de nombreux champs, les mots qui la composent ayant de nombreux sens. Et au-delà mon ambition était de mettre en avant la valeur dans le travail.

Deuxième point, j'ai promis d'écrire une biographie de Christian Frederick Martin pour la gazette du forum de Lutherie Amateur. Dans le dernier numéro, c'est Stauffer qui a fait l'objet de cette rubrique. Et je m'apprête à traverser l'Atlantique avec l'un de ses supposé apprentis. Je suppose que tu connais Stauffer et Martin mais pour les lecteurs moins avertis en lutherie, je précise qu'il s'agit donc de luthiers, à l'origine de la guitare "folk" moderne à corde acier.

Martin donc a traversé l'Atlantique en 1833. Son départ d'Allemagne était motivé par l'impossibilité d'innover comme il le souhaitait à cause des jurandes (les Corporations allemandes). Cet aspect ma intéressé et j'ai voulu en savoir plus. Mes recherches sont en cours. Si tu as des informations ou des sources sur l'oganisation du travail en Allemagne début XIXème, ça m'intéresse. Sachant que ma plus grosse contrainte est de ne rien comprendre à ce qu'écrit Goethe dans sa langue natale.

J'ai malgré tout trouvé quelques informations, mais plutôt en France ou en Europe. L'une de mes prochaines lectures sera ce livre de François Husson : ARTISANS FRANCAIS - LES MENUISIERS - Etude historique (1902).

Troisième point, le Compagnonnage est un sujet qui m'intéresse également et il est relié fortement avec le deuxième point. L'une des motivations à la création de ce Mouvement semble être la résistance aux Corporations. La boucle est bouclée.

Pour en revenir à Roubo, cette soif de qualité de mettre en avant un travail de valeur, rétribué à cette juste valeur oppose déjà commerce et artisanat. Il est bien nécessaire de vendre ce qui est produit, pour subvenir aux besoins élémentaires. Mais l'inversion des choses entraînent une baisse de la qualité des ouvrages, et donc de la rémunération des artisans. Et donc une perte de savoir faire. On gagne toujours à travailler l'excellence. A long terme, c'est toujours payant même si à long terme on sera tous morts.

Sa note en bas de la page 1258 est vraiment tout à l'honneur de Roubo. Il la joue modeste et illustre bien que toute plaie d'argent n'est pas mortelle. D'ailleurs, l'argent ne semble pas faire partie de la richesse (j'extrapole). ça l'a sûrement aidé à supporter les difficultés, il en a chié comme tu dis. Il semblait toutefois avoir d'autres considérations : l'abandon du bénéficie dont il est questiond ans le premier article est-il vraiment volontaire de la part de Roubo ?

J'en reste ici à l'histoire, presque légendaire que je vais lire prochainement.

Mince, j'ai été presque aussi long que toi et il m'en reste à lire.
Mais j'aime ça !

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