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4 réponses
Benjamin Diot

Peux tu nous faire un croquis?

Dans certains cas on peut faire un joint dit "cantilever" à une certaine distance de l'appui, mais il faut par ailleurs au moins 4 appuis sur la poutre concernée.

Il y a des procédés de jointure possibles avec des ferrures (on se rapproche d'un encastrement, mais ça nécessite de nombreux boulons, donc des grosses pièces de bois).

Il y a des procédés d'aboutage par tige + scellement avec des résines (epoxy pour le constructeur simonin, en PJ).

Dans tous les cas c'est pas du tradi!

Benjamin Diot
( Modifié )
Meilleure réponse

Alors voilà un point de vue de prof, vu qu'on parle de "disparu des programmes"; "recettes magiques"; "n'est plus enseigné", c'est nous ça non?
Pour info j'enseigne en lycée pro - oui, dans l'éducation nationale!- à des CAP charpente principalement, et un peu à des BTS DRB (menuiserie orienté industrialisation).

Mon point de vue global: celui qui critique en mal un outil qui a fait ses preuves (ici que ce soit le trait ou la chaîne numérique) ce doit être qu'il connait mal l'outil, l'utilise mal, ou qu'il a une aversion envers ce que cela représente pour lui ("mon prof me faisait chier avec le trait, je m'en suis jamais servi en 30 ans de carrière"; "la CN et les ordinateurs c'est bon pour les gars dans les bureaux, nous autres on fabrique à la main").

C'est sûr que si je passe une bisaigue à un jeune pour faire une maquette, ça va pas être facile facile. C'est sûr que si je lui passe un ciseau de 10 mm pour faire un embrèvement de charpente sur un poinçon de 20x20 cm, ça va pas être facile non plus. Par contre, il n'en reste qu'objectivement et la bisaigue et le ciseau sont de supers outils.

La rentabilité économique en charpente:

Dans la région (Savoie) le numérique a pris sa part de marché(1), nombre d'artisans (même petits) conçoivent et tracent sur logiciel.
Il en reste quand même pas mal(1) qui restent au travail tradi sur épure , même pour des constructions neuves (hors monuments historiques, bois tordus et vieux bois).
Pourquoi? Parce que malgré tout le travail à l'épure reste rationnel, efficace et très précis si le charpentier est bon. Les bois (même calibrés et secs type Lamellé et CCollé) sont uniques, posés sur leurs emplacements, pile là où ils doivent aller, les assemblages piqués sont uniques et "sur mesure". Rien de plus précis si on manie le fil à plomb correctement. Pour moi le seul hic c'est la manutention en plus: je dois déposer les bois au sol et les remonter sur tréteau une fois de plus que si je travaille à la fiche de taille.
Sur des grosses structures bois avec de nombreux assemblages les entreprises avec des commandes numériques et des logiciels de CFAO seront(1) largement plus rentables, d'autant qu'elles disposent souvent du personnel et de la logistique interne pour gérer ces chantiers (bureau de métreur pour les appels d'offre; bureau d'étude pour le dimensionnement les plans et le transfert sur la CN; atelier équipé et dimensionné avec CN, pont roulant, tables de montages, etc; équipes de poses aguerris aux montages des grosses structures).

La rentabilité économique en menuiserie:

Il me semble que le métier de menuisier a subi une industrialisation bien plus importante que celui des charpentiers(1). Le marché est aujourd'hui constitué de très grands groupes qui fabriquent ou fabriquent et posent que ce soit en ameublement, agencement, menuiseries intérieures ou menuiseries extérieures. Il y a quantité de menuisiers qui aujourd'hui achètent les menuiseries et ne font plus que de la pose. La rentabilité économique est indéniable.
Cette évolution s'est traduite dans les diplômes français, car maintenant on a par exemple:

  • Cap Menuisier Installateur
  • Cap Menuisier Fabricant
    Je rappelle avant qu'on tire à boulet rouge sur l'éducation nationale, que l'évolution des diplômes est actée en concertation avec l'état, le ministère, les représentants de la profession, les organismes de formations (CFA; MFR; lycée pro).

Il semble que de ce fait, dans les enseignements le trait a quasi disparu du CAP menuisier "installateur" et est très limité dans le "fabricant".

Il est intéressant de noter d'ailleurs que la situation inverse s'est produite en charpente l'an dernier: on est passé de 2 diplômes (CAP Charpentier Bois + CAP Constructeur Bois) à un seul diplôme (CAP Charpentier Bois, celui là ayant absorbé l'autre en partie).
Pour avoir assisté à une réunion avec un des représentants de la profession présent lors de la refondation du diplôme, l'axe de refonte du CAP Charpente est le suivant: on garde le trait comme base, on évolue vers le numérique (= utilisation obligatoire lors de l'épreuve), on développe la communication (=grosso modo les charpentiers sont bons mais ce sont des ours, ils se débrouillent tout le temps mais ne savent pas faire remonter les infos des erreurs sur les plans EXE, les plans archis, etc...)

Pour répondre à "disparu des programmes ou non?"

Dans les filières professionnelles on appelle ça les référentiels, et non "les programmes". Lien par exemple pour le cap charpentier
Tous les référentiels sont en accès libre (attention c'est plus simple de décrypter un DTU ou les Eurocodes qu'un référentiel de diplôme de prime abord, accrochez vos ceintures).
Clairement ce sera à l'initiative et à la sacro sainte liberté pédagogique de l'organisme de formation, du prof ou du formateur.
Mais, en tout cas, rien n'empêche de passer par le trait pour arriver à la fabrication d'une pièce pour un élève, sachant que c'est un moyen d’exécution qui se retrouve dans quasi tous les référentiels, à des niveaux d’acquisitions ("taxonomiques") différents.
Si vous voulez plus de détails tout est dans les référentiels.
Personnellement le trait c'est mon dada, j'en fais faire aux jeunes.

Atouts combinés du trait et de la modélisation numérique dans l'enseignement

Le trait c'est austère, c'est dur de prime abord, mais quand on comprend ça devient magique, rapide et hyper efficace, que ce soit pour tracer ou régler les machines.
Pour l'enseigner j'ai besoin de peu de moyen pour les élèves: papier, crayon, paire de ciseaux, crayons de couleurs, calculatrice, et des supports de cours bien faits.
Pour l'enseignant le côté "low tech" est extra, hyper flexible est très adaptable.
Pour l'élève cela nécessite des pré-requis en géométrie simple, en calcul mathématique de base.

Les + du trait: on développe l'imagerie mentale, on reste la tête hors des écrans, on va plus facilement ensuite sur des exercices de funiculaire des forces, crémonas, produits vectoriels graphiques, etc... Cela développe indéniablement la prise en main des modeleurs 3D (la différence est flagrante entre un élève qui a compris le trait et l'autre qui ne panne rien).

La modélisation numérique c'est ludique, sympa de prime abord. On voit les choses directement, on voit les assemblages, on voit les découpes, on se repère mieux dans les changements de plans, les rotations, etc...
Mais très vite on se rend compte qu'une bonne modélisation nécessite une rigueur extrême, le paramétrage des logiciels n'est pas si simple, certains ont des allergies avec l'outil informatique.
Pour l'enseignant il y a de nombreuses contraintes matériels (écrans qui marchent pas, souris HS, etc...); des contraintes de logiciels (mise à jour, gestion des licences) et des problèmes éthiques (je me "marie" à un logiciel et je forme les élèves sur un outil, je sais pertinemment qu'il y a de grandes chances pour que plus tard le futur professionnel reprenne ce même logiciel).
Pour l'élève cela nécessite des pré requis en informatique de base (gestion des dossiers, enregistrements de fichiers, maniement de la souris et du clavier, etc).

Les + du numérique: Ça peut aider des élèves en difficulté sur le trait à voir des choses. Ça développe les compétences en informatique. C'est un outil très puissant dans la suite de la production: édition automatique des listes, export vers les machines de taille, export de fiche de taille, export de plans de pose, suivi de chantier, etc...

Le parent pauvre: le calcul trigonométrique

On en parle moins mais c'est également très efficace et trop peu développé dans nos métiers - peut être dû à une moins bonne préférence pour les maths?

(1) Tout ceci reste à vérifier et cela ferait d'ailleurs un très bon sujet d'étude.

Mis à jour
Benjamin Diot

Hello il faut réfléchir en terme de durée d'utilisation de ton ouvrage...
Dans ton cas quel age a ta fille et combien de temps tu estime qu'il faut que ça tienne!
Si c'est pour 10/15 ans à mon avis aucun problème meme avec de l'aubier...
Si tu construis pour lafille de ta fille, là il faut peut être partir sur autre chose...
La Norme FD-P 20-651 précise que le douglas hors aubier a une longévité comprise entre 10 et 50 ans en classe d'emploi 3-b. Faites vos jeux!

Benjamin Diot

Bonjour, l'assemblage dessiné est joli...Mais pas durable du tout en extérieur.
Il vaut mieux passer par des assembleurs (sabots ou ferrures métalliques), ou faire passer les poutres à coté du poteau et boulonner.
Dehors, moins il y a d'assemblage, mieux tes bois se porteront!