Labyrinthe de Chartres, de la surface au volume

Le contexte de cette réalisation est une petite expo locale et temporaire chez des amis, qui m'ont proposé un thème de réflexion autour du labyrinthe de la cathédrale de Chartres.
Etant assez passionné par la géométrie, et interéssé par l'histoire des différentes méthodes et outils des artisans du bois au cours des siècles, je me suis jeté dans ce travail en grand amateur qui ne maîtrise encore que quelques techniques rudimentaires.

Je vous présente ici une inspiration construite à partir de la géométrie du labyrinthe. J'ai voulu porter "la surface" du labyrinthe vers un "volume".

Pour ce faire, je me suis inspiré du contexte de ce labyrinthe, à savoir du tracé régulateur de la cathédrale de Chartres. Il y a eu beaucoup d'écrits dessus, et je ne vais pas entrer dans les débats liés au nombre d'or ou autres.
Mon approche est purement rationnelle et développée à partir des démonstrations de Pierre Bellenguez dans son ouvrage "Les Cathédrales Retracées" (que je recommande à tou.te.s).

D'après cette étude, les élévations (volume) de cette cathédrale spécifique sont notamment tracées au moyen de triangles équilatéraux dont la base est établie à partir d'un élément du plan au sol (surface) qu'il nomme la table.
J'ai donc utilisé le diamètre du labyrinthe comme l'un des trois côtés d'un triangle équilatéral qui déterminerait la hauteur de l'élévation (hors voûte).

La voûte quant à elle, se veut comme une approximation d'une sphère. Des solides de Platon, le dodécaèdre est celui s'approche le plus d'une sphère.

J'ai choisi de réaliser cette voûte entièrement aux outils à main (ce n'est pas le cas des autres pièces). Après un peu de maths, j'ai pu retrouver les deux angles nécessaires pour constituer les arêtes (ce n'est pas de l'arêtier, mes arêtes ne sont pas dans le plan des faces du solide). La vraie difficulté a résidé dans le fait de construire un gabarit fiable, sans machine.

Le reste est assez classique : j'ai pu m'essayer au tour à bois chez un vieil ami, quant au disque sur lequel repose la voûte, je l'ai voulu avec de vives couleurs pour faire écho à cette époque médiévale.

Pour ce qui est de la réalisation, j'ai voulu n'utiliser que des bois de récupération. Il n'y a aucun bois qui ne vienne pas de chute, d'une poubelle ou qui n'ai pas eu une vie précédente.

Quelques détails ci-dessous.

Le Labyrinthe

Le bois vient ici d'un ancien escalier pour réaliser ce plateau.
Je vous passe les détails sur le tracé, ce serait long et fastidieux ici. Il a fallu comprendre comment était construite la géométrie du labyrinthe, puis la mettre à l'échelle de sorte que chaque passage fasse la largeur d'une de mes fraises (en l'occurrence, 12mm). J'ai eu droit à quelques ratés : mon plateau n'était pas parfait (ca remonte, à l'époque je débutais vraiment et c'était mon premier plateau !), certains passages entre deux fraises (qui font moins de 3mm) ont sauté.

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Pour les cercles, j'ai utilisé un gabarit proposé par Toutenbois sur Youtube (merci à lui !).
Le centre (la rose) a été sculpté à la main.
Après une ébonisation pour faire ressortir les contrastes, l'idée fut de remplir l'usinage avec de la résine époxy. J'étais assez fana à l'époque, maintenant moins même si dans ce cas précis, je réutiliserais la même technique, très facile à mettre en oeuvre.
J'ai un peu raboté pour revenir à fleur (oui, la résine... C'était pas le moment le plus sympa). Ensuite, j'ai tracé un pavage dit de Penrose pour rappeler la future voûte et destructurer un peu l'ensemble.

Elévation

Je n'entre pas non plus dans le détail ici, j'ai joué pour la première fois avec un tour à bois. Un grand plaisir et du partage de savoir-faire, j'en garde un beau souvenir.

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Disque coloré

Rien de particulier ici, si ce n'est que je suis très content de mes choix de couleurs ! 4 des morceaux viennent d'une belle chute de frêne d'un pote menuisier, le 5ème est du cèdre (pas assez de frêne pour les 5 morceaux), je l'ai donc ébonisé puis passé un rubio noir pour qu'on ne voit pas trop la différence avec les autres essences.

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Pyramide

Qui dit triangle équilatéral, dit pyramide. J'ai voulu accentuer cet aspect par une pyramide, que j'ai réalisée très simplement avec de simple calculs d'angles pour assembler les 4 arêtes.

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Voûte

Ah, le dodécaèdre. J'y ai passé quelques heures !
D'abord à calculer puis vérifier les angles par modélisation 3D.

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Ensuite pour imaginer un gabarit qui me permettrait de faire ces angles à la main (à la machine, je pense que la ponceuse à disque aurait été le plus simple). J'ai fini par utiliser le principe du kumiko.

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Ensuite, en pratique j'ai d'abord déligné des "baguettes" de hêtre, ramenées à la même longueur.
Il m'a ensuite suffit de couper le bon angle pour chaque arête au moyen de mon gabarit, d'abord via un coup de scie japonaise, puis au ciseau à bois.

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Vient ensuite le collage ! J'ai d'abord tracé un gabarit, puis des blocs de maintient pour coller chaque face une par une.

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Et voilà !

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Pour conclure, cette petite expo fut un grand moment pour moi : beaucoup de travail mais surtout énormément d'apprentissages, et surtout aucune contrainte sur la réalisation.
Un vrai plaisir !

Les différents éléments ont été distribués au cours de l'expo à différents visiteurs (ca faisait partie intégrante de la démarche), excepté la voûte (dont je ferai un luminaire... plus tard), ainsi que le labyrinthe qui finira accroché sur un mur :).