Mon bateau en bois était en chantier, mais pas chez moi. Un jour j'y étais, et je réalise que parmi mes outils apportés, je n'ai pas mon maillet (le classique du magasin, en caoutchouc). Bon, pour aujourd'hui une chute de bois fera l'affaire mais ensuite je n'ai pas envie de faire faire à mon maillet des allers-retours entre chez moi et mon bateau, déjà qu'il est plus très en forme et que je peux en avoir besoin aux deux endroits.
Alors je pioche dans mes chutes de bois de construction navale, probablement de l'acajou pays, et pour le manche, une chute de bois rouge de bardage, très dur, quasiment à cette forme. Je coupe grossièrement quelques morceaux, je leurs mets un mastic de résine époxy chargée (j'avais besoin d'en préparer pour autre chose sur le bateau) et je dépose ça avant de partir, sans serre-joints ou autres accessoires, seule la gravité fait le boulot pendant que la résine prend.
Quelques jours plus tard je retourne travailler sur mon bateau, et je fais les finitions du maillet. Quelques coups de scie pour un corroyage approximatif, quelques coups de rabot et de râpe, puis un petit ponçage.
J'obtiens un maillet assez léger mais avec son manche un peu plus long que la moyenne il peut taper assez fort sans difficulté, tout en étant très maniable. Pour le rendre incassable, au lieu de faire la tête monobloc elle est en 4 parties autour du manche, et j'ai croisé les bois comme dans un CP, les flancs sont perpendiculaires aux cœurs.
En tout il a dû me demander moins d'une heure de travail, mais sur 2 jours car l'époxy prend des heures à polymériser.
Bon à force de faire des «ajustements précis à grands coups de maillet», l'extrémité que j'utilisais la plus s'est vite abîmée, surtout les flancs en bois de bout assez tendre. Alors je lui ai rapidement ajouté une plaquette de bois rouge qui présente son bois de fil, et assemblée avec 2 tourillons et résine époxy pour être sûr qu'elle ne prenne pas la poudre d'escampette pendant une séance de torture.
Et en fait je l'utilise comme un marteau, toujours dans le même sens, ça fait longtemps que j'envisage de modifier l'autre côté, pour ne pas marquer sans utiliser de martyr, en ajoutant du cuir ou de la chambre à air.
Depuis, c'est vraiment un gros dur, il sert à la fois de maillet et occasionnellement de massette si je n'ai pas cette dernière sous la main. Et après 5 ans de torture, il reste coriace.
En conclusion, ce n'est pas le plus beau maillet du monde, mais je m'en moque, car il est le meilleur que j'ai eu entre les mains et il était très vite fait.
Car sa place n'est pas dans le salon ou sur Youtube, mais dans l'atelier ou sur un chantier.
Si je passe du temps à peaufiner les finitions, ce ne sera pas sur un maillet mais plutôt pour un objet décoratif ou un cadeau, notamment le coffre pour mon fils ou mon sablier. Et si mon maillet est visible ici, c'est car je me dis que sa simplicité et sa robustesse pourraient inspirer d'autres boiseux débutants.

Discussions
Une petite pensée pour sanglier les plus anciens comprendrons
Je viens de retourner voir sa page, il a fait de très belles réalisations, avec une formation aux outils manuels et techniques ancestrales dont l'oubli peut être préjudiciable. Mon père et surtout mon grand père paternel ont fait bon nombre de leurs outils, à une époque où c'était la norme. Et ils travaillaient sans CNC…
Maillet 1970
Merci, intéressant. les faces légèrement inclinées et arrondies, je ne les ai pas faites, je les ai vues ailleurs aussi, ça peut être un petit plus appréciable, je peux toujours faire une retouche, mais je n'ai jamais senti d'inconvénient à avoir cette forme.
En revanche, sur ce plan, des choses me dérangent :
Bien sûr il en va des maillets comme des autres outils, j'ai un bon assortiment de marteaux, un bon assortiment de ciseaux à bois, un bon assortiment de rabots, et pour l'instant un seul maillet. Mais en fonction du travail à faire, tel ou tel maillet peut être plus approprié. Alors j'en ferai probablement d'autres plus adaptés aux différents travaux.
En tout cas, une chose importante est de trouver essence de bois un peu dense, bien solide (peu fissible, avec contrefil c'est un plus pour éviter que ça fende), qui supporte bien les chocs.
Et la tête du maillet frappe le manche de l'outil avec le bois de bout. C'est plus résistant que le bois de fil. Contrairement au maillet présenté dans cette création.
Comme je disais dans la description, au départ c'était pour répondre à un besoin : pas de maillet sous la main, mais un bon stock de chutes de bois autour de moi, et alors que je faisais de la résine époxy. Alors en quelques minutes, l'ébauche était faite, avec ces quelques chutes empilées avec de l'époxy entre deux. Puis les finitions un autre jour. Du simple, rapide et bien plus efficace que ce que j'imaginais, j'étais agréablement surpris.
Ce jour là, je n'ai pas passé 3 heures à chercher sur l'Air du bois (que je ne connaissais pas encore) ou ailleurs l'état de l'art sur les maillets, pour ensuite passer une journée voire plus à faire le maillet idéal et le plus beau. Je cherchais chute à faire mieux qu'une simple chute de bois utilisée comme une massue. D'ailleurs mon choix de manche et de technique d'assemblage ont montré leur intérêt, mais le bois de fil des flancs dans un beau bois mais pas très dur a fini par se fendre en faisant un ou deux éclats juste sur le bord, peut-être d'ailleurs en tapant sur un truc assez agressif, pas un manche de ciseau. D'où la plaquette de bois très dur ajoutée, qui est en bois de fil surtout à cause de sa forme, et car ça évite de pouvoir fendre ses bords.
Je reçois des critiques mais que je prends de façon constructive, dans les pages citées j'y ai vu quelques détails intéressants. Si un jour je veux faire un autre maillet, je les suivrai peut-être.
En tout cas, je ne veux en aucun cas critiquer la démarche initiale.
Un besoin, une solution rapide et ça fait l'affaire ! C'est très bien ainsi