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Folgansky

Artisanat et industrie, quelle est la limite?

Mise en situation:
Petit tour de l'internet et de ce qu'il se fait, je tombe sur une boutique qui propose deux produits proches des miens, je me dis: "Super, je peux observer la concurrence pour voir leurs points forts/faibles et ce que cela met en évidence dans mon propre travail". C'est l'occasion de se remettre en question donc ou de valider des décisions prises.

Leurs produits semblent très bien, éco-responsables avec un packaging de paille bien pensé et argumenté. Par contre j'avais lu fait-main et artisanal alors que dans un reportage télé pour visiter le site de production on nous explique (en substance):
"On travaille principalement à la CNC, ça nous fait aller env. 7 fois plus vite qu'à la main, par contre c'est cher mais grâce à ça on est très précis, on évite les erreurs et on fait des séries les plus importantes possibles"

D'où ma question:
La limite entre industrie et artisanat c'est pas justement la force de travail humaine?
Le fait que chaque objet soit unique de par la main de celui qui fabrique, ah oui, un artisan.

Au premier coup d’œil je ne comprenais absolument pas les prix pratiqués et comment du fait-main/artisanal pouvait me concurrencer si fortement. J'ai regardé de long en large mes tableurs à me questionner sur le point que j'aurais pu rater. Ce qui m'a conduit à approfondir mes recherches sur ce fabricant.

Selon vous, une telle façon de produire c'est de l'artisanat et du fait-main?
Il y a bien une limite au delà de laquelle c'est un processus industriel.

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12 réponses

4
FWD

Pour ma part la CNC n'est pas ce qui définit un artisan par rapport à une entreprise. Sinon nous pourrions critiquer la lamello zeta, la festool domino et tous les autres outils qui font gagner un temps dingue.

La différence pour moi se situe plutôt niveau organisation. Même pas forcément par rapport à la série car des industrie font de l'unitaire. Mais à partir du moment ou tu as un BE qui crache des plans et un presse bouton pour faire tourner les CNC on rentre dans une organisation industrielle. Je me suis moi même posé la question car je possède une CNC plutôt pas mal avec un magasin d'outils, table aspirante et compagnie que j'ai construite moi même. Il ne faut pas oublier qu'un menuisier reste un chef d'entreprise et que son objectif reste de vivre de son activité, surtout la menuiserie qui est un métier concurrentiel de dingue (comparé à plombier ou tu te fais 3000€/mois sans matériel onéreux relativement facilement). a titre d'exemple, beaucoup de menuisiers n'ayant pas de cnc ne fabriquent pas leur caissons eux-mêmes et se contentent de les acheter et de les habiller encore une fois pour une histoire de rentabilité.

Je me suis une fois fais critiquer par un autre artisan disant "c'est même pas fait main" je lui ai dis oui, mais accepterais-tu de payer 10x le prix pour que je te le fasse à la main? la et toute la question. La critiquer et facile, mais si la personne allonge les euros derrière pas de problème travail à la main c'est plus valorisant que faire de la CNC ça détend et ça change.

Malgré tout la CNC reste une technique impressionnante à maitriser. Ce que aujourd'hui je trouve dommage c'est qu'en général cela coince au niveau CAO pour les utilisateur de CNC (beaucoup ne savent pas dessiner plus que des carré sur sketchup et cie, mais pour faire du caisson ça suffit. Et pour combler leur lacunes, ils achètent, volent, copie les modèles d'autres personnes ce que je trouve bien dommage car la créativité et les possibilités infinies c'est bien la la force de la CNC. Après je reconnais que la phase conception (pour moi du moins) et la phase que je trouve la plus chiante je préfère être à l'atelier comme beaucoup 😁 mais faut bien passer par cela.

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fab83

Si on regarde la question d'une manière un peu froide il suffit de ragarder du côter de notre chère législation et la NAFA (Nomenclature d'Activités Française de l'Artisanat) en donne une définition assez clair je trouve

"Indépendamment de la définition juridique de l’activité artisanale, présentée en annexe (cf. décret n° 2008-565 du 17 juin 2008 et les diverses versions antérieures), la présente publication qualifie fréquemment le processus de fabrication « d’artisanal » par opposition à « industriel ». Cette qualification signifie, dans ces cas d’utilisation, que le travail y est faiblement divisé, que les tâches manuelles y sont essentielles, peu répétitives, et
demandent un savoir et/ou un savoir-faire important "

Pour se que sa intéresse voir ici entreprises.go...e_nafa_rev2.pdf

Dans le cas de tes concurrents
soit c'est un gas qui as investi dans une CNC et qui applique des logiques de rationalisation de sont travail en faisant des séries ( oui la rationalisation du travail est utilisée en masse dans l'industrie mais ne lui est pas propre il n'est pas interdit à un artisan de bosser avec méthode ) et dans ce cas là c'est bien un artisan pas traditionaliste mais un artisan.

Par contre s'il possède un BE , un employé à la découpe deux au montage là oui on peu parler d'industrie dans le sens que le travail est divisé

Pour se qui est du "fait main" c'est l'exemple typique de la dénomination purement commerciale qui ne veut strictement rien dire 😁

francoisB30
Je suis d'accord

je trouve tout ceci bien sensés

Folgansky
Je suis d'accord

La notion de travail divisé me plaît comme élément de réponse et encore plus sur le "fait-main"

Francisco
( Modifié )

Au XVIIIème siècle, le travail était répétitif. Les meubles étaient fabriqués par plusieurs personnes différentes, chacune étant spécialisées dans son domaine et le modèle fabriqué souvent le même:
-les scieurs de long refendaient et ne faisaient que cela;
-il y avait les scieurs qui délignaient et tronçonnaient à l'aide de planches servant de gabarits (car pour connaître les dimensions il aurait fallu qu'ils sachent lire);
-les assembleurs s'occupaient des tenons mortaises queues d'aronde...
-les sculpteurs de bas reliefs reproduisaient toujours les mêmes motifs;
-les ébénistes finissaient le meuble.
Aujourd'hui encore il reste encore quelques rares entreprises artisanales qui embauchent des spécialistes de la finition qui ne font que du vernis tampon.

benjams
( Modifié )

Juste pour combattre cette idée reçue, il était relativement commun de savoir lire et ecrire au 18e. Vers 1780, on estime qu'environ 60% de la population savait lire. Le gabarit, c'est juste que c'est plus rapide.

benjams
Je suis d'accord

Oui pour moi la production est artisinale si le produit final est un produit fini et qu'un même ouvrier peut realiser toutes les phases de la production de l'objet

Après fait "main" ou avec les pieds, c'est pareil, si on veut etre puriste on doit bien utiliser un outil a un moment non ?

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2
BaptisteC

La différence entre une usine et un atelier ne peut se résumer au critère unique des machines utilisées. Il y a bien sûr la taille de la structure, l'organisation financière, le volume de production, ...
Mais la principale différence tient dans l'organisation du travail et le rapport au "métier".
Dans une usine, un ouvrier ne maîtrise qu'une toute petite partie du processus de fabrication (comme par exemple dans les Temps modernes de Chaplin, même si dans ce cas il s'agit plus de satire que d'un documentaire sur l'industrie).
Un artisan lui maîtrise un métier et donc l'ensemble du processus de fabrication (ou du moins une grande partie). De la conception du produit à la commercialisation du produit.
Un ouvrier posera la même charnière dans le même modèle de meuble toute la journée alors qu'un artisan aura le savoir faire pour fabriquer le meuble en entier. Et pourtant l'ouvrier n'utilisera qu'une visseuse alors que l'artisan aura peut-être fait tailler ses panneaux par son fournisseur à la CNC (mais il peut le faire quand même lui même s'il en a besoin).
Finalement l'outil importe peu. Kentaro qui utilise une CNC pour fabriquer des télescopes est un artisan car il maîtrise l'ensemble du processus de fabrication. L'outil lui facilite la vie et lui permet d'être rentable mais il peut s'en passer.
Si le passage du monde de l'atelier à celui de de l'usine vous intéresse, il y a un excellent documentaire qui a été diffusé sur Arte (vous le trouverez facilement sur Youtube).

Folgansky
Je suis d'accord

Merci

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Ara
( Modifié )

Je dirais que l'usage d'une CNC n'est pas en soi un procédé industriel, mais que c'est l'intention qui compte. Si ton objectif est de faire des produits identiques de manière industrielle en grande série, bah c'est de l'industrie ! Si ton objectif est de faire des pièces uniques ou des petites séries, et que dans le procédé il y a l'utilisation d'une CNC, ce n'est pas pareil.

Une autre manière de dissocier les deux, c'est le geste. Que fait l'artisan ? Il travaille la matière pour obtenir quelque chose, et pour cela il a des outils et des compétences. Que fait un industriel ? Il optimise ses processus, sa production, le taux de charge de sa CNC... et pour cela met en place des techniciens qui la nourrissent.

Donc en fait tout est là : dans un cas tu as un gugusse au centre de l'atelier, et autour de lui il y a de la matière des outils, fût-ce une CNC. Dans l'autre cas tu as une CNC au centre de l'atelier, avec un ou plusieurs techniciens qui tournent autour, et de la matière qui y entre et qui en sort.

Mis à jour
Folgansky
Je suis d'accord

C'est la vision que je m'en fais actuellement

Ara
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[Edit] bon exemple à Blanzy ! Dans l'atelier de Kentaro, il y a un gugusse qui fait des télescopes. C'est bien lui qui est au "centre" de l'atelier, la CNC est un outil comme les autres, et sans le gugusse et ses compétences il n'y aurait pas de télescope. Ça ne l'empêche pas d'optimiser sa production, de faire des petites séries etc.

Moi je fais des planches à découper pour le marché de Noël, tout avec des machines et j'essaie d'optimiser le processus pour faire 1 réglage et passer 15 planches. J'appelle cela de l'artisanat.

Ara

NB : quand j'ai passé l'épreuve pratique du CAP menuisier installateur, c'était les discussions que j'entendais entre profs, les questionnements et problématiques du genre "tu achètes une 5 axes à 200k€, combien d'heures il faut qu'elle tourne par jour pour être rentable". Et du coup en M.O tu as un bureau d'étude qui te crache des clés usb avec les programmes, et à l'atelier des techs qui chargent la machine. À ce moment-là je me suis dit mais où est la menuiserie dans cette affaire ?...

Etign
( Modifié )

Ara justement elle est peut etre là la difference: combien de personnes interviennent dans la chaine de fabrication. dans ce cas Folgansky tu es le seul à maitriser ta creation du debut à la fin. on peut parler d'artisanat dans ce cas, peut importe les outils

Folgansky

etign Cette façon de présenter la chose a l'avantage de s'affranchir de la question du geste. Qui est peut-être une question dans la question. Qui distingue le puriste du... de... son opposé ("oskour").

Etign
( Modifié )

Folgansky Faudrait trouver des anciens qui ont connus l'arrivé des machines en atelier. Surement qu'il etait content de plus raboter à la main pendant des heures! (Il devait le maudire par moment le bois!)
On se pose milles questions parce qu'on se rend compte que l'évolution du metier nous éloigne de la matière mais on oublie que le but premier de l'artisanat ça reste de fabriquer.
Les outils qu'on utilise c'est un choix personnel ou du marketing.

Folgansky

etign Seulement il arrive un moment où le moyen de production conditionne le travail accomplis, le travail dans sa globalité. Y'a CNC moyen de production et CNC à rembourser en produisant.
Personnellement j'ai choisis l'autre voie, je travaille pour vivre et j'essaie au maximum que cela ait du sens (pour moi, au delà c'est prétentieux). J'aurais aimé suivre la voie de la transmission, celle qui fait vivre le geste mais il en a été autrement. Chacun fait son choix des efforts.

tarpan

Folgansky Il y a aussi l'outil qui va jusqu'à conditionner le design de l'objet : il faut que l'objet soit réalisable par l'outil qu'on a déjà (à rentabiliser) , donc on restreint les choix, on fait des compromis…

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Gilles Foy

bonjour à tous !
je vous invite à lire le petit livre d'Ivan Illich intitulé "la convivialité" ; il ne répond pas directement à la question de départ (artisanat vs industrie) mais propose une réflexion sur la "convivialité" des outils. Schématiquement un outil convivial est maîtrisé par l'utilisateur, dans sa constitution, dans son fonctionnement et dans son utilisation. Il est donc à son service. Et non l'inverse, ce qui se produit quand le technicien finit par devoir se plier aux contraintes imposées par une machine, un système, une organisation complexe. C'est souvent le cas, me semble-t-il, lorsque l'outil et son utilisateur s'inscrivent dans une dynamique de croissance.
C'est là où cette notion de convivialité rejoint notre sujet ! L'artisan serait celui qui utilise des outils conviviaux dans un système et une organisation dt il conserve la maîtrise.
Peut être conviendrait il également d'intégrer à la réflexion le coût écologique du processus de production ?

Folgansky
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Je pense que la responsabilité de l'impact écologique d'un artisan ou d'un industriel est la même. Et que cela s'éloigne alors de la distinction entre ces deux entités.

Gilles Foy

La responsabilité, oui. Mais l'impact... Il est forcément bien différent entre un artisan qui travaille avec des bois locaux, des outils "conviviaux", à petite échelle, qui fournit des clients locaux, et un industriel qui met en oeuvre des chaînes logistiques et des processus de production complexes (exemples extrêmes certes caricaturaux mais c'est pour illustrer). Particulièrement sur le plan de l'énergie grise.

tarpan

La sous-traitance et ses navettes + emballages est un exemple désastreux écologiquement…

tarpan
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L'artisan serait celui qui utilise des outils conviviaux dans un système et une organisation dt il conserve la maîtrise.

La perte de maîtrise vient trop souvent de la concurrence.

Il vient fatalement un moment où tu n'es plus "rentable" ou alors plus "vendable" par rapport à ton concurrent qui sort un produit 90% identique mais 4x plus vite.

Te reste qu'à rentrer dans ta niche et réussir à trouver une clientèle capable à la fois d'apprécier la valeur ajoutée de ton travail et… de se la payer.

FWD

Tout bêtement suffit de regarder le nombre de menuisiers ayant une zeta P2 et/ou une domino dans leur atelier, le pourcentage doit être de plus de 90%.

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LeCongreDebout

Bonjour,

J'ai eu l'occasion, dans une vie précédente, de beaucoup réfléchir sur ce qui fait la différence entre l'artisan et l'artiste, et j'ai fini par penser que c'est l'intention.
Évidemment, ce n'est pas une réponse de nature à satisfaire tout le monde, mais c'est pourtant la plus juste que j'ai pu trouver.

Dans le cas qui nous préoccupe, on peut retenir un certain nombre de critères, mais il y aura toujours des exceptions, dont certaines ont déjà été soulevées. Et de nouveau, l'intention (c'est à dite plus spécifiquement, le rapport au travail réalisé) me parait le meilleur critère.
Là encore, ce n'est pas de nature à satisfaire tout le monde, notamment les amateurs de limites claires et de définitions...

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Neiru

Pour moi il y a deux notions dans ce qui est dit dans le post initial.
Fait main et artisanal.
De mon point de vu de néophyte, si on utilise des machine stationnaires, voir que de l'electroportatif, alors on n'est plus dans le fait main.
Alors que la personne seule qui est équipée au top des machines, y compris une CNC, fait de l'artisanat.
La différence est donc dans le processus de création.
J'aime beaucoup l'image d'une personne au milieu des outils/matières vs la machine ou la chaîne au milieu des humains.

mon cas lors d'un boulot saisonnier : sur une chaîne de conditionnement de melon, en entrée le cul du camion avec les melons, en sortie une palette de 3m de haut avec des cagettes calibrée a 100g prêt. Et bien que j'étais le seul opérateur dessus, ça n'avait rien d'artisanal

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cocoM

Question super intéressante, et assez vertigineuse car elle peut se décliner dans tout corps de métier : est-ce qu'un forgeron devient un industriel à partir du moment où il utilise un four numérique pour ses traitements thermiques ?
Est-ce que mon paysan boulanger qui réalise toutes les étapes de fabrication de la farine au pain, mais utilise successivement tracteur, convoyeurs, moulin automatique, pétrin électrique etc... est un artisan ?

C'est d'autant plus compliqué de placer la limite que la distinction "artisan" me semble etre une notion très franco-française : en anglais on dit craftsman que tu soit soudeur chez alstom ou ferronnier d'art travaillant sur des batiments historiques...

Pour couronner le tout tu peux très bien avoir au sein d'une meme entreprise une activité industrielle (un produit phare fabriqué et vendu en série de manière optimisée) qui est là pour alimenter financièrement d'autres activités plus créatives.

Ce genre de question peut aussi se poser pour placer la limte entre artisan et artiste. Et meme en regardant les artistes, est-ce qu'un street artiste qui reproduit 50 fois le meme dessin au pochoir et à la bombe est encore un artiste ou un industriel ???

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glaude

Bonsoir
je ne suis pas en mesure de donner une réponse mais à mon sens je fais la différence sur la manière de travailler. Je ne juge pas les CNC et leurs propriétaires mais quand l'artisanat copie les méthodes de travail en automatisant au maximum, avec pour seul objectif prendre toujours des raccourcis afin de gagner du temps, et bien à mon sens ce n'est plus de l'artisanat.
Maintenant cela reste mon avis, pour moi un travail d'artisanat s'inscrit dans une certaine authenticité et les règles de l'art. Si concocter un travail sur un ordi sans rien connaitre ou presque à la matière travaillée je ne pense pas que le terme d'artisanat soit le plus adapté

Etign
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mais si le résultat final est presque identique, quelles differences?

Folgansky
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Toute la différence est dans l'appréciation du processus de création et réalisation justement.
Un diamant naturel et synthétique sont identiques concernant leurs propriétés physiques, pourtant l'idée que l'un des deux a mis environ un milliard d'année pour me parvenir me séduit plus. Alors que l'idée de faire d'un défunt un bijou satisfait d'autres personnes par exemple. L'affect entre en jeu.

Ici mon propos était de discerner ce qui fait qu'un objet sera qualifié d'artisanal, fait-main ou simple produit industriel (en ne niant pas la remarque de tarpan sur son expérience en métallurgie par exemple).

Je me pose la question pour mon propre travail. Qu'est ce que le fait-main, la limite c'est l'électro-portatif ou c'est déjà trop lourdement outillé pour se dire fait-main.
Est ce que le ponçage à la main suffit à lui seul pour parler de fait-main? Occultant toutes les autres opérations

Etign
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Justement aujourd'hui même avec les cnc le ponçage, l'assemblage et la finition sont toujours fait à la main.

Avec des machines classique, tu vas faire des gabarits pour les series donc on perd aussi la part aléatoire du fait main.

Quand à la sensibilité au travail effectué en amont, c'est en fonction du client mais ça va souvent être le résultat qui compte. On trouve des poteries réalisées à la main chez ikea mais je sais pas si ça les rends plus belle, ça me semblerait même plus ethique que ça soit des machines qui les fassent à ce prix...

FWD

Folgansky Ceci n'est que vrai si tu as les moyens. Les gens gagnant peu ne vont pas se tourner vers un artisan de luxe s'ils peuvent avoir le même résultat pour la moitié du prix. La pleb (dont je fais partie) cherche avant tout un bon rapport qualité/prix

Ara

Perso je considère qu'à partir du moment où tes mains guident un outil, fût-il électroportatif, c'est fait main. Pour être honnête, je dirais que mes planches à découper sont faites main à 90%. Les 10% qui restent, c'est la raboteuse et la ponceuse calibreuse, où je mets la planche dans la machine et où elle ressort usinée. Mon fils de 7 ans peut le faire, alors que guider la défonceuse, même dans le montage d'usinage, il n'a pas les compétences pour le faire. Et moi qui ai les compétences pour le faire, si je le fais mal, la planche sera ratée. La question du geste est donc cruciale dans le "fait main".

Ara

Tiens dans le prolongement du thème "fait main" et de l'électroportatif, je vais être un peu provocateur (ce n'est pas mon habitude 😁 mais c'est pour la bonne cause). Prenons l'exemple du rabot :

  • rabot à main, je guide un outil de coupe en tenant compte du fil du bois etc. avec un geste qu'il faut maîtriser.
  • rabot électrique, je guide un outil 10 fois plus pratique, ça marche aussi à contrefil et ça fait du boulot moins bon, et on pourra dire que ce n'est pas vraiment du travail à la main.

(je caricature, hein, et en caricaturant encore plus je vais dire que "les vrais menuisiers jouent du rabot à main, l'électrique c'est pour les bricoleurs du dimanche)

Mais le rabot à main, n'est-ce pas en quelque sorte un ciseau à bois entouré d'un "montage d'usinage" qui sert à le maintenir toujours au même angle et à prendre des passes calibrées ? Et alors avec un brin de mauvaise foi je vais dire que les vrais menuisiers refuseraient d'utiliser le rabot, les vrais menuisiers feraient tout au ciseau à bois.

Et en poussant encore plus loin ce raisonnement par l'absurde, je vais même dire qu'utiliser des outils, c'est mal, le bon menuisier rabote avec ses dents !

Bref, tout ça pour dire que l'électroportatif (que j'utilise abondamment), n'empêche pas à mon sens de parler de "fait main".

Folgansky

Ara Je crois que tu viens de prouver à quel point le sujet du "fait-main" finit par devenir un non-sens et qu'il ne peut caractériser un ouvrage.

Pour en revenir à la CNC, la concurrence fait beaucoup de choses pour nous y pousser. Ce sujet est en réaction à un concurrent français mais si je commençais à parler des concurrents polonais là on s'en sortirait encore moins. Je serais donc le dernier à jeter la pierre à celui qui optimise son temps de travail et rationalise ses processus.
C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit quand j'ai commencé à toucher du bois. L'objectif étant de tirer un revenu digne de mon activité avant toute considération concernant le travail des anciens et les nombreux héritages des différents corps de métiers.
Le marché est si tendu qu'il faut chercher sa tranquillité d'esprit, faire des compromis ou assumer ses choix (éthiques, productivistes, etc).

FWD

Folgansky selon moi ce qui a rendu les discussions autour de la cnc péjoratif c'est également l'évolution des logiciels liés à l'invention des imprimantes 3d. J'ai fais à l'époque (en 2008) un bac pro technicien d'usinage (donc je peux dire que je suis du métier) on apprenait à programmer des 4 axes sans fao, à calculer toutes les trajectoires etc (tangentes et autres). Les logiciels de fao étaient complexes il fallait encore réfléchir (pas de représentation 3d appart les logiciels à 15 000€) vérifier le gcode car la simulation ne te garantissait pas que tu n'allait pas faire de crash etc. Aujourd'hui l'impression 3d à participé à l'évolution des logiciels pour les rendre beaucoup plus accessibles. Quand je vois vcarve et compagnie un enfant de 10 ans saurait te sortir un programme fonctionnel en peu de temps même pas besoin de connaitre la trigonométrie. Alors qu'avant c'était tout un métier technique, les usineur était des personnes qualifiées au même titre qu'un menuisier. Il suffit de regarder le nombre de personnes qui Aujourd'hui utilisent des cnc et ne connaissent même pas le gcode, et comme dis plus haut sur la partie conception pas grand monde fait des dessins complexes

Menuisier heureusement reste un métier reconnu contrairement à usineur car l'évolution des logiciels ne peut pas encore faire le travail à notre place bien qu'avec une domino et une zeta tu fais des assemblages complexes sans grandes compétences (en comparaison aux anciens menuisier)

J'adore regarder les vidéos de menuisiers faisant de la restauration de portes d'églises et compagnie je suis toujours bluffé par leur savoir faire et me sent totalement incapable à réaliser des projets pareils... mais j'ai d'autres compétences 😁

Dans le domaine des métaux ça reste encore relativement technique car les notions de conditions de coupes, stratégies d'usinage et compagnie ont beaucoup plus d'importance que pour fraiser du bois (pour le bois suffit de suivre les tableaux donnés par les fournisseurs de fraises et généralement ça va pas trop mal)

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Francisco

La différence entre l'artisanat et l'industrie c'est la taille de l'entreprise; au-dessus de 10 (à vérifier) personnes qui travaillent dans l'entreprise on a affaire à une entreprise industrielle.

tarpan
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La question est pas aussi simple…

Parle-t'on d'une définition administrative actuelle ou de l'idée que s'en font les gens (les consommateurs qui décident parfois de leur acte d'achat en fonction de ce genre de critère) ?

Les définitions sont floues (savamment entretuenu ? ) en fonction des époques, des lieux mais aussi des domaines concernés… industrie-uoh....-artisanat.html

Une équipe de compagnons de 11 personnes serait donc une industrie ?

Vaste débat…

Francisco

oui une entreprise de 11 personnes est classée dans le secteur industriel. c'est ce que j ai appris au stage de préparation à l installation de la CMA en 2019.

Folgansky
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Justement je pourrais simplement me dire "Bouarf, ils sont 10 à bosser dans c't'affaire c'est un industriel et moi chui artisan, voilà la différence"

Alors qu'au final, le client verra deux produits assez proches. (Ceci dit quand je vois des cubes juste ébavurés avec des arêtes vives, je me dis qu'ils ont dû rater la case norme jouet.)

Ce qui fait justement la différence c'est le récit de l'objet, sa conception, sa réalisation, sa destination. Si rien ne les distingue (et en ignorant l'impact environnemental du lieu de production) alors j'aurais peut-être dû accepter l'offre en 2020 d'une entreprise chinoise qui voulait produire à ma place pour que je me contente de la distribution... Ce serait le même produit il parait.

Francisco

rien ne t'interdit d'acheter un meuble chinois etde faire la finition. Ce sera un meuble artisanal, vu que tu l as transformé.

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Etign

Si tu fais que quelques produits identiques, arrive un moment ou se pose la question du sens du fait main. Faire 1000fois la meme piece à la mains (machines traditionnelles) ou la produire à la cnc, j'hesiterai pas.
Autre interêt pour eux, pas besoin d'une main d'oeuvre experte dure à trouver ou cher.
Le travail artisanal "fait main" survi grace aux besoins très specifiques non réalisables en série pour des clients exigeants.

quand je vois le secteur de l'agencement et de la cuisne, dans lequel je suis, on va de plus en plus vers le quasi tout cnc. quel interet de faire des caissons de cuisine aujourd'hui aux machines traditionnelles? A part si on a pas le choix, aucun...

Vianney - VICA

je sors un peu du sujet, mais je me pose aujourd'hui la question pour ma cuisine perso. Tout faire, tout faire faire (enfin non) ou bien partir de caissons adapter la quincaillerie et faire les facades. D'ailleurs je cherche des fabricants de caissons de cuisine au meilleur rapport qualité prix, sans vide sanitaire de 10cm et sans pieds de 20cm !

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Kentaro
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Mes télescopes sont en bonne partie réalisés à partir de pièces de bois découpées à la cnc (qui plus est, par un sous-traitant, lui-même artisan).

Industrie ?

Bien sur que NON.

Le fait que l'on utilise une machine un peu plus élaborée d'une scie à format ne signifie pas que l'on est passé à l'industrie.

Cela reste un travail en toute petites séries, tout est assemblé à la main, tout est vérifié, testé par moi-même. Et je fais toujours du sur-mesure, même si les pièces sont usinées par une cnc...

Je suis et reste un artisan et mes produits restent des produits artisanaux.

Le sujet est complexe, mais globalement, l'industrie, ce sont des process, des systèmes de production optimisés, des équipes spécialisées en production, mais aussi en commercial et marketing, et surtout, c'est de la série. De la grande série. Cela suppose des investissements, et donc, du Kapital.

Je ne vais pas reprendre l'analyse un certain monsieur Karl...

(A noter que pas mal de gens, actuellement, considèrent que l'industrie d'armement française, qui produit de la très haute technologie, mais en nombre très limité, c'est de l'artisanat...)

Mis à jour
Folgansky
( Modifié )

Je ne remets pas en question l'usage de la CNC (je savais que le sujet accrocherait à ce niveau-là) mais à quel point l'artisan peut s'effacer derrière ses moyens de production et à quel moment ces pratiques sont définies comme industriel ou artisanal.

Edit: Si Fait-main c'est débiter à la CNC 200 petites voitures et marteler deux tourillons à travers 4 roues alors j'ai une mauvaise définition personnelle du fait-main

Kentaro
( Modifié )

Folgansky je crois avoir répondu plus loin:

C'est une différence qualitative et quantitative

  • Capital important,
  • Investissements en moyens de production,
  • Optimisation de la production,
  • Main d'oeuvre importante,
  • Grande série,
  • Commercial et marketing élaboré.

Ensuite, bien sur, il y a les cas limites...

Folgansky
( Modifié )

Kentaro Ah bah je viens de regarder, PMI c'est 10 à 250 salariés.
edit: J'apprécie la nuance apportée en éditant ta première réponse, toi tu as changé, ça te va bien la CNC.

Kentaro

Folgansky A mon sens, artisanal ne veut pas nécessairement dire "fait main". Ou alors, il faudrait limiter le terme à ceux qui n'utilisent que des ciseaux à bois, et une égoïne...

200 voitures faites à la cnc, pour moi, cela reste de l'artisanat.

S'il y en avait 20 000, cela deviendrait de l'industrie, pas nécessairement parce que le nombre est important, mais parce que pour les faire, il y a eu un processus bien défini, un bureau d'étude, des investissements, et du marketing et du commercial élaboré.

Kentaro

Folgansky A noter également que si pour réaliser les 20 000 voitures, on mettait 500 types réalisant chacun 40 voitures à la main, ce serait de l'industrie, pas de l'artisanat... Industrie de main d"oeuvre...

Kentaro
( Modifié )

Folgansky Au dela de la définition de la limite entre artisanat et industrie, il y a la question de l'intérêt du passage entre artisanat et industrie...

Supposons qu'un produit artisanal, fabriqué un par un soit vendu 20 €, générant une rémunération (rémunération du travail) nette de 10 € par pièce vendue. Si on en fabrique 5 par jour, cela fait 50 € de gain net par jour.

Si on passe au stade "industriel", fabrication en série, on pourra peut-être vendre la pièce 5 €, avec une rémunération nette de 1 € (en tenant compte bien sur des couts d'amortissements nécessaires pour passer à la production industrielle).
Il faudra alors en vendre 50 par jours pour avoir le même gain net journalier.

Mais on a alors la question: comment en vendre 50 par jour ? Cela suppose de faire du marketing, du commercial, trouver des points de vente, etc, etc... D'où un coût supplémentaire, une rémunération nette moins importante, et la nécessité d'en vendre encore plus pour rester sur un gain journalier de 50 €...

De plus, rien ne dit que l'élasticité prix soit telle qu'en baissant le prix de 20 à 5 €, on va automatiquement multiplier le nombre de ventes par 10...

Au final, ce sont beaucoup d'investissements, une organisation totalement différente pour gérer les volumes importants, et à la clé, le très gros risque de ne pas vendre les volumes attendus, tout en n'ayant pas nécessairement un gain net plus important...

Il n'est pas du tout certain que tes concurrents, qui vendent moins cher en utilisant des process plus ou moins industrialisés, aient une vie plus facile et plus sereine que la tienne...

En tout cas, c'est la question que je me suis souvent posé. Je pourrais facilement industrialiser ma production, fabriquer des dizaines de telescopes par mois, à deux ou 3 fois moins cher. Mais je ne suis pas certain que j'aurai 3 ou 4 fois plus d'acheteurs, et je suis certain d'avoir alors un stress 10 fois plus important, sans gagner beaucoup plus...

Le seul regret, c'est qu'en faisant de l'artisanat, donc des produits chers, on limite sa production aux CSP++...

tarpan
( Modifié )

J'ai bossé dans une pme de l'industrie métallurgique (130 employés tout de même) qui bosse pour le ferroviaire, l'armement etc.
Bcp de découpe laser, mais également bcp de travail manuel, d'huile de coude, de lime aiguille, de coups de marteaux sur forme en bois, de soudure de précision à la main etc.

Pièces de série, comme pièces uniques, le job est le même.

Ce n'est pourtant pas de l'artisanat, c'est bien de l'industrie.

La distinction ne peut pas porter uniquement sur le manuel/robitisé, ni sur le nombre de pièces (un tourneur qui sort des cuillères à miel identiques au kilomètre : artisanat ou industrie ? )

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