Bonjour les boiseux !
Peut-on utiliser de l'huile de lin avec un siccatif sans utiliser de térébenthine dans le mélange ?
Je cherche à protéger un plan de travail en hêtre massif de manière "naturelle" et économique mais je ne sais pas si ça va sécher rapidement, et tenir le coup dans le temps ...
Je suis preneur de tout avis !
Bonne journée !
3 réponses

Pour le côté "naturel" on repassera :
l'huile de lin c'est une pression de graine, jusqu'ici ça va on est pas dans la chimie lourde.
L'essence de térebenthine, c'est une distillation de la gemme de pin, on commence à atteindre le niveau brevet des collèges en chimie.
Pour le siccatif, j'ai trouvé la composition d'une marque que je ne citerais pas par soucie de respect de sa vie privée :
Distillat de pétrole, acide néodecanoique, sel de manganèse, dipyridyl2,2
A priori la distillation du pétrole ça reste de la chimie facile, par contre l'acide machin je sais pas d'où il vient, le sel de manganèse c'est vague mais ça implique forcément un peu de titrage niveau terminale pour le séparer des autres sels ; et enfin le ditrucyl2.0 selon wikipédia est issu de la déshydrogénisation de la pyridine avec un nickel de Raney. La pyridine c'est de la distillation de nonos et autres restes animaux ; le nickel de raney une poudre d'alliage nickel et aluminium.
Si je veux du label "naturel" le premier élément qui saute c'est le siccatif. La térébenthine ça pique les neurones et c'est dangereux pour la santé, mais naturellement.
Si on reprend le processus à zéro, commençons par le choix de l'huile. personnellement j'aime bien ce choix par rapport à un vernis ou un vitrificateur : un plan de travail ça prends des chocs, des coups de couteau, des casseroles chaudes etc... l'huile ne protège pas beaucoup, mais a le gros avantage d'être facile à retoucher : un coup de racloir, de ponçage, une couche d'huile sur la zone abîmée et on retrouve un aspect propre à défaut d'être neuf. Avec un produit plus complexe et solide, il faut remettre tout le plan de travail à blanc, et recommencer la finition à zéro... mon choix perso est vite fait, mais si un client me demande un plan de travail je lui expliquerais bien les tenants et aboutissants pour éviter d'avoir un appel pour du SAV à la première tâche de café.
Ensuite pourquoi l'huile de lin ? Surement parce que nos ancêtres européens du 19e utilisaient abondamment cette huile pour les finitions : c'est une huile qu'on peut produire localement, qui est naturellement siccative, dont les sous produits (tourteau) peuvent nourrir les bêtes, et qu'on peut même manger nous même.
Par contre pour apporter un peu de protection au bois il faut qu'elle l'imbibe en profondeur ; et le temps de séchage est plutôt long. Du coup on la dilue avec un diluant gras. Ca tombe bien : l'essence de térébenthine, grâce aux premières monocultures de pin dans les Landes, devient accessible au 19e siècle. Et pour accélérer son séchage, on peut dire merci aux peintres qui utilisent l'huile de lin comme base depuis quelques temps, et se sont rendu compte qu'en utilisant certains pigments issus de diverses poudres métalliques le séchage s'accélérait. Du coup l'industrie commence a payer des chimistes à faire joujou pour trouver des formules de siccatif efficaces et pas chères.
Qu'en est-il au 21e siècle ?
On trouve maintenant sur le marché mondialisé assez facilement et à un prix accessible de l'huile de tung/abrasin/bois de chine (trois appellations, un seul produit). Tout comme notre huile de lin, elle a de bonnes propriétés en finition, et pour être honnête elle est même meilleure (trop forts les chinois).
Une fois le choix fait entre ces huiles, pourquoi la térébenthine ? Pour fluidifier l'huile on peut aussi la chauffer (pas trop sinon ça brûle) ; ou utiliser un autre diluant gras en alternative à la térébenthine (white spirit, essence d'agrume...) chaque diluant a ses avantages et inconvénients (prix, volatilité, effet neurotoxique, origine, taux de résidus après évaporation...) ; et l'application à chaud demande plus d'organisation.
Et pourquoi le siccatif ? Il existe plein de formules de siccatif ; avec ou sans plomb ; mais tous sont des composés relativement complexes, et franchement on a pas envie de les retrouver dans notre assiette. Par contre pour les volets ou un banc...
Il existe aussi des techniques de cuisson de l'huile de lin qui améliorent sa siccativité. Pour ces cuissons on attaque des notions complexes de chimie organique mais en résumé : il faut cuire longtemps à des températures où l'huile prend feu toute seule, et donc supprimer l'oxygène pour éviter de tout cramer. Ou alors on laisse faire les pros et on achète de l'huile de lin cuite/bouillie ; ou carrément de la standolie de lin (le plus haut niveau de cuisson, à utiliser avec parcimonie dans des recettes un peu plus élaborées que celles du net).
En résumé : après avoir validé une finition à l'huile, je prendrais soit huile de tung soit huile de lin cuite, et je ferais une application à chaud : huile chauffée à 50-60° ; application au tampon, un petit coup de décapeur thermique, une deuxième couche pour bien imbiber les zones les plus poreuses, je laisse refroidir 30min/1h puis je viens essuyer tout le surplus.
48/72h de séchage, un coup de laine d'acier pour égrener (au papier de verre ça marche moins bien car il se colmate) puis je remets une couche simple (sans passer de décapeur thermique) toujours à 60° ; je laisse refroidir 30 min et j'essuie le surplus.
48h de séchage, et je recommence jusqu'à ce que j'en ai marre (en général 3 couches).

Salut,
Il faut savoir que le siccatif n'est pas non plus "naturel" puisqu'il est toxique. Cela dit on en met peu et il reste presque inoffensif dans l'huile. Diluer au white spirit ou a l'essence de therebentine aide l'huile a pénétrer.
Mais globalement la protection apportée par les huiles reste faible pour moi ça n'est pas du tout adapté à un plan de travail... il faut plus s'orienter vers un vernis ou un vitrificateur

Bonjour,
J'ai expérimenté sur de l'OSB3 :
1) Les plus :
- accélère le temps de séchage.
- donne un effet "glaçage" similaire à un vernis
2) Les moins :
- penser à bien essuyer rapidement pour éviter une couche trop épaisse.
- j'ai rencontré des zones "collantes" qui ont mis du temps à sécher sur des parties lisses où la couche était trop épaisse.
- une forte odeur toxique qui ne pose pas de soucis en extérieur mais devient intenable en milieu fermé (en intérieur).
- penser à bien tremper les chiffons dans l'eau après utilisation pour éviter un risque d'auto-inflammation et éviter ainsi un potentiel début d'incendie.
En complément d'infos :
Mon projet consistait à réaliser un meuble en OSB3 (donc en utilisation intérieur) et je regrette profondément l'utilisation du siccatif.
L'odeur toxique reste très longtemps présente : Après environ 1,5 mois, j'ai toujours une odeur persistante, en particulier sur les champs et les panneaux de faible épaisseur qui ont je pense été plus imprégnés.
J'avais tenté de rajouter une couche d'huile de lin pure par dessus, ça a atténue l'odeur mais n'est pas suffisant.
A l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas trouvé plus d'infos à ce sujet, et après avoir lu tous les documents sur le site du fabricant du siccatif (dont la fiche de données de sécurité), je n'ai pas trouvé de contre indication (logo "meuble" sur la bouteille, indication pour un usage intérieur ou extérieur, application pour huile de lin)
J'ajouterais que sur 3 bidons d'huile de lin de marques différentes, la recette du mélange huile de lin + essence de térébenthine + siccatif y est proposée.
Concernant le siccatif :
Sur la bouteille, on y trouve le logo suivant :
Dangereux pour l'homme : "je nuit gravement à la santé"
Sur la fiche de données de sécurité, il est écris : "H304 Peut être mortel en cas d'ingestion et de pénétration dans les voies respiratoires."
J'aimerais bien savoir si quelqu'un a déjà rencontré ce problème d'odeur toxique avec l'utilisation de siccatif et d'huile de lin pure.
Je me questionne sur une possible réaction chimique avec le liant utilisé dans les panneaux OSB3.